la queue d’un verrat dans un bourbier (116) ? Les originaux sont, je le répète, absolument tels que vous en voyez ici la copie. Qu’attendez-vous encore ? quelle nouvelle preuve demandez-vous ? Et vous, Verres, que faites-vous sur ce banc ? qui vous retient ? Il faut de deux choses l’une, ou que vous nous présentiez Verrutius, ou que vous conveniez que vous-même êtes Verrutius.
On loue les anciens orateurs, tels que les Crassus et les Antoine, de leur talent pour dissiper les accusations, et pour défendre avec avantage la cause des cliens accusés. Mais ce ne fut pas seulement à leur génie qu’ils durent aussi leur supériorité sur les orateurs de notre temps, mais au bonheur des circonstances. Personne ne se rendait alors assez coupable pour qu’il fût impossible de le défendre. Personne ne vivait d’une manière assez infâme pour qu’il n’y eût aucune partie de sa vie que n’eussent point souillée les dernières turpitudes ! Personne ne commettait le crime avec assez d’impudence pour qu’il ne pût s’en défendre, sans paraître encore plus impudent en sa dénégation. Mais, aujourd’hui, que fera Hortensius ? Demandera-t-il grâce pour l’avarice de son client, en faveur de sa sobriété 7 Mais celui qu’il défend est le plus déréglé, le plus dépravé, le plus débauché de tous les hommes. Vous fera#-t-il oublier son infamie et sa scélératesse en vous parlant de sa valeur ? Mais qui jamais fut plus mou, plus lâche, plus fanfaron avec les femmes, plus honteusement efféminé avec les hommes ? Dira-t-il que son client est d’un commerce aimable dans la société ? Qui fut jamais plus violent, plus dur, plus impérieux ? Que tous ses vices ne font de mal à personne ? Qui fut jamais au contraire plus méchant, plus fourbe, plus cruel ? Pour un pareil accusé, et avec une