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statues, sans que cela pût en rien servir la cause de Verrès, sont remises en place. Mais les décrets des citoyens de Centorbe au sujet de ces statues ne sont point annulés. Je passe à d’autres certaines choses ; mais un homme plein de sagesse comme Metellus, en vérité, je ne puis absolument lui pardonner quand il fait une sottise. Eh quoi ! il croyait donc que ce serait donner des armes contre Verrès que de laisser ses statues renversées comme elles auraient pu l’être par un coup de vent ou partout autre accident ? Il n’y avait en cela rien qui pût l’incriminer, ni l’exposer au blâme. Quelle peut être la base d’un procès, d’une accusation ? Les jugemens et les dispositions des hommes.

LXVIII. Si Metellus n’avait pas forcé les habitans de Centorbe de rétablir les statues, voici ce que je dirais : Voyez, juges, combien nos alliés et nos amis ont été douloureusement affectés par les injustices de Verrès, puisque la ville de Centorbe, si dévouée, si fidèle, que tant de services attachent au peuple romain, qui a toujours honoré, chéri notre république et le nom romain jusque dans le moindre de nos concitoyens ; puisque, dis-je, cette ville a cru cependant pouvoir décider en assemblée générale qu’il ne fallait pas que les statues de C. Verrès restassent dans la ville. Je lirais les décrets de la ville de Centorbe ; je louerais ses citoyens, et mes éloges ne pourraient qu’être fondés. Je dirais que l’on compte dix mille des plus courageux et des plus fidèles de nos alliés, qui tous ont arrêté d’un commun accord qu’il ne fallait pas que cet homme eût dans leur ville aucun monument. Voilà ce que je dirais si Metellus n’eût pas relevé ces statues. Aujourd’hui je demanderai à Metellus si l’usage violent qu’il a fait de son autorité a ôté quelque force à mes discours. Il me semble que le même langage pourrait