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forcé de convenir que les Siciliens sont vos ennemis, puisqu’ils ont présenté aux consuls des requêtes extrêmement énergiques contre vous, puisqu’ils sont descendus jusqu’à la prière pour que je prisse leur défense ; puisque ni les ordres d’un préteur, ni les intrigues de quatre questeurs (103), ni les menaces, ni les dangers de toute espèce ne les ont point détournés d’une démarche d’où dépend leur salut ; puisque dans la première action ils ont déposé avec tant de force et tant d’énergie, qu’Hortensius entendant le député de Centorbe, Artémon, qui pourtant n’était que l’organe de sa commune, prétendit que c’était un accusateur et non un témoin. Il est vrai que ce n’est pas moins à son courage et à sa loyauté qu’à son éloquence, qu’Artémon doit l’honneur d’avoir été avec Andron, homme plein de vertu et d’intégrité, choisi pour député par ses concitoyens, afin qu’il vous dévoilât avec autant de franchise que de clarté toutes les circonstances des nombreux attentats de Verrès.

LXV. Vous avez entendu, juges, les dépositions des députés d’Halèse, de Catane, de Tyndare, d’Enna, d’Herbite, d’Agyrone, de Nétum, de Ségeste. Je n’ai pas besoin de vous nommer toutes les cités, vous savez quelle foule de témoins ont déposé dans la première action, et sur combien de faits. Les mêmes, et d’autres encore, sont prêts à faire leur déposition. Il sera démontré pour tous, dans cette cause, qu’il n’est pas un Sicilien qui ne soit persuadé que, si l’on ne sévit contre l’accusé, il ne leur restera d’autre parti à prendre que d’abandonner leurs maisons et leurs propriétés, de renoncer à la Sicile, et de chercher au loin un refuge. Et voilà ceux, Verrès, qui, à vous en croire, ont, de leur propre mouvement, fourni des sommes considérables pour multiplier vos hon-