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devoir que je m’impose, que je réclame, que je remplirai, dans ma magistrature, du haut de cette tribune(73) d’où le peuple romain a voulu que je l’éclairasse, à dater des kalendes de janvier, sur les intérêts de l’état et sur les desseins des méchants. Tel est le grand et magnifique spectacle(74) que je promets au peuple pendant mon édilité. Je le déclare, je le signifie, je l’annonce d’avance, que ceux qui ont coutume de déposer, de recevoir ou de promettre, en un mot, de corrompre la justice comme séquestres ou comme agents ; que ceux qui, dans un tel but, font parade de leur pouvoir ou de leur impudence, s’abstiennent, en cette cause, de souiller leurs cœurs et leurs mains de ces manœuvres criminelles.

XIII. Alors Hortensius sera consul(75), revêtu du commandement et de l’autorité suprême ; moi, je serai édile, c’est-à-dire, quelque chose de plus qu’un particulier. Cependant la cause que je m’engage à soutenir est de telle nature, elle sera si agréable au peuple romain, qu’Hortensius, quoique consul, paraîtra auprès de moi encore moins, s’il est possible, qu’un simple citoyen. Non-seulement on rappellera au souvenir, mais on démontrera, par des preuves certaines, les coupables intrigues, les infamies qui ont souillé les tribunaux depuis dix ans qu’ils sont confiés au sénat. Le peuple romain apprendra de moi comment l’ordre des chevaliers a rendu la justice pendant près de cinquante années de suite(76), sans qu’aucun chevalier ait encouru le plus léger soupçon d’avoir reçu de l’argent pour un jugement prononcé ; comment, depuis que les sénateurs seuls composent nos tribunaux, depuis qu’on a dépouillé le peuple du droit qu’il avait sur chacun de nous, Q. Calidius(77) a pu dire,