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mien est d’obtenir la seconde action(71) avant les premiers jeux. Il arrivera de là que votre conduite paraîtra dictée par l’astuce, et la mienne commandée par la nécessité.

XII. J’ai dit que le combat serait de vous à moi : je m’explique. Lorsqu’à la prière des Siciliens, je consentis à me charger de leur cause, je regardais comme honorable et glorieux pour moi qu’ils voulussent bien mettre à l’épreuve mon zèle et ma fidélité, comme ils avaient éprouvé mon intégrité et mon désintéressement. Mais, en acceptant cette tâche, je me proposais encore un but plus élevé ; je voulus faire éclater aux yeux du peuple romain mon attachement pour la république. Car, je vous le dis, Hortensius, il me semblait peu digne de mes soins et de mes efforts d’appeler devant les tribunaux un homme déjà condamné devant l’opinion, si cette tyrannie insupportable, cette corruption sans pudeur(72) que vous avez exercée depuis quelques années, avec tant de passion, dans plusieurs jugements, n’entraient pour beaucoup dans la cause de ce misérable. Mais, puisque cette domination absolue, ce despotisme dans nos tribunaux a tant d’attraits pour vous, puisqu’il existe des hommes qui ne sauraient ni rougir ni se lasser de leurs désordres et de leur infamie, qui semblent prendre à tâche de défier la haine et l’indignation du peuple romain, je me plais à l’avouer, oui, je me suis chargé d’un fardeau bien lourd, bien périlleux à porter, mais qui mérite que je déploie, pour le soutenir, toute la force que comportent mon âge et mon zèle. Puisqu’un ordre tout entier est victime de l’audace et de la méchanceté de quelques-uns de ses membres ; puisqu’il est compromis par l’infamie de leurs jugements, je le déclare à ces hommes pervers, je serai pour eux un ennemi, un accusateur opiniâtre, inflexible, un adversaire implacable. Voilà le