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que ses différentes cités ont présentées aux consuls, a supplié les pères conscrits de vouloir bien ordonner que nulle accusation ne serait admise contre un absent. Vous avez entendu à ce sujet Cn. Lentulus (75), ce jeune et illustre patron de la Sicile, vous déclarer que, lorsque les Siciliens l’instruisirent de ce qu’il devait dire pour eux au sénat, ils se plaignirent particulièrement de l’injustice dont Sthenius avait été victime, et que ce fut à cause de cette injustice même qu’ils rédigèrent la requête dont je viens de parler. Voilà les faits ; et dans cette position, Verrès, vous avez été assez insensé, assez audacieux, pour oser, dans une affaire si généralement connue, si manifestement attestée, si ouvertement divulguée par vous-même, falsifier des registres publics ! Et comment les avez-vous falsifiés ? Ne semble-t-il pas que vous ayez voulu que dans le cas où nous garderions le silence, vos registres même pussent vous condamner ? Greffier, prenez cette pièce, faites le tour de l’assemblée, que tout le monde la connaisse. Eh bien ! juges, les voyez-vous ces mots, dénoncé lui présent, écrits tout entiers sur une ligne raturée ? Que se trouvait-il donc en cet endroit ? Pourquoi cette surcharge ? Avez-vous besoin, juges, d’une autre preuve ? Je n’ajoute rien de plus ; vous avez sous les yeux un registre évidemment falsifié ; ma démonstration est complète. Vous flattez-vous encore, Verrès, de pouvoir éluder ces preuves accablantes ? Nous vous suivons, non d’après de vagues indices, mais guidés par des caractères dont la trace, empreinte de votre main sur les registres publics, est encore toute récente. Et c’est lui qui, sans avoir entendu les parties, jugera que Sthenius a falsifié les registres publics, lui qui ne peut se défendre d’avoir falsifié ces registres dans l’affaire même de Sthenius !