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liste des accusés, ce qui serait arrivé si je ne m’étais pas présenté à temps. Vous auriez regardé sans doute comme la circonstance la plus désirable pour vous, ma non comparution au jour où j’avais été cité. Pourquoi donc n’avez-vous pas voulu que Sthenius ne profitât point de la non comparution de son accusateur ? Ainsi, juges, cette affaire a fini absolument comme elle avait commencé ? Verrès avait fait accuser Sthenius en son absence ; en l’absence de l’accusateur il le condamna.

XLI. On lui mandait, vers ce temps-là même, comme son père le lui avait déjà écrit plusieurs fois, que l’affaire avait été agitée dans le sénat ; qu’en outre, dans une assemblée du peuple, le tribun M. Palicanus s’était plaint de l’injustice qu’avait éprouvée Sthenius ; qu’enfin j’avais moi-même parlé en faveur de Sthenius, dans le collège des tribuns, qui, par une ordonnance, avaient défendu à tout homme condamné pour un crime capital de rester dans Rome ; que leur ayant exposé la chose comme je viens de le faire devant vous, et leur ayant prouvé qu’il n’y avait point eu de véritable condamnation, les tribuns avaient statué et prononcé d’un commun accord, qu’il ne leur paraissait point que leur ordonnance interdit à Sthenius de rester dans Rome. En apprenant ces détails, Verrès éprouva quelque crainte ; dans son trouble il changea sur ses registres la teneur de son jugement, et, par là, il ruina entièrement sa cause ; car il ne se ménagea aucun moyen de défense. S’il pouvait dire pour se justifier, « la mise en cause d’un absent est permise, nulle loi du moins ne défend d’en user ainsi dans les provinces, » ce moyen serait mauvais et mal fondé ; mais enfin ce serait un moyen. La dernière ressource des causes désespérées lui restait encore ; il pouvait alléguer