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on ne fit que s’étonner d’une aussi mauvaise chicane ; mais ensuite ceux qui connaissaient l’homme, ou soupçonnèrent ou dirent clairement que Verrès avait jeté un œil de convoitise sur la succession. Cependant arrive le jour où il avait annoncé, par un édit, qu’il tirerait les causes au sort conformément à l’usage et à la loi Rupilia. Il s’était arrangé pour que l’affaire d’Heraclius sortît la première. Heraclius lui représenta qu’il ne pouvait être ce jour-là question de sa cause, la loi Rupilia voulant qu’aucun procès ne fût instruit que trente jours après l’assignation. Les trente jours n’étaient pas écoulés ; Heraclius espérait que s’il évitait ce jour-là, Q. Arrius (35), que la province attendait avec impatience, viendrait remplacer Verrès avant qu’il se fît un nouveau tirage. Verrès remit toutes les causes jusqu’au temps où il pourrait appeler légalement, au bout de trente jours, celle d’Heraclius. Ce jour venu, il fit semblant de vouloir tirer au sort. Heraclius comparut avec ses amis, et demanda qu’il lui fût permis de discuter, suivant les formes ordinaires, son affaire avec les inspecteurs du gymnase, représentant la cité de Syracuse. Les adversaires requièrent que les juges soient pris indifféremment dans les cités du ressort du tribunal de Syracuse, et même qu’ils soient au choix de Verrès. Heraclius insiste pour qu’ils soient nommés conformément à la loi Rupilia, afin que les règlemens antérieurs et l’autorité du sénat, et les droits de tous les Siciliens ne soient pas méconnus.

XVI. Est-il besoin d’insister sur la manière tout arbitraire dont Verrès rendait la justice ? Qui de vous ne sait comment il s’est conduit dans les tribunaux de Rome ? Est-il un seul individu qui, pendant sa préture, ait pu invoquer les formes légales contre la volonté de Chélidon ? Ce