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pour en faire usage lorsqu’il s’agirait de moi dans les comices, et que les distributeurs de toutes les tribus(47) s’étaient rendus cette nuit même près de Verrès. L’un d’eux, qui croyait devoir tout faire pour moi, vint me trouver cette nuit même, et me rapporta les discours de l’accusé. Celui-ci leur avait rappelé avec quelle libéralité il s’était comporté à leur égard lorsqu’il avait demandé la préture, puis dans les derniers comices consulaires et prétoriens(48). Ensuite il leur promit autant d’argent qu’ils voudraient, s’ils m’empêchaient d’obtenir l’édilité. Les uns avaient répondu qu’ils n’osaient le tenter ; les autres qu’ils ne croyaient pas pouvoir y réussir. Cependant il s’était trouvé un ami intrépide de la même famille, nommé Q. Verres, de la tribu Romilia(49), consommé dans l’art des distributeurs, disciple et ami du père de l’accusé ; il avait garanti le succès moyennant cinq cent mille sesterces(50) ; quelques autres enfin avaient promis de le seconder. Dans cet état de choses, l’attachement que cet homme me portait lui faisait un devoir de m’avertir et de m’engager à me tenir fortement sur mes gardes.

IX. Ma sollicitude était à la fois réclamée par tous ces grands intérêts, et le temps était court. Les comices approchaient, et l’on m’y combattait par d’énormes sommes d’argent. Le jugement pressait, et les paniers pleins d’or de la Sicile n’étaient pas moins menaçants pour moi dans cette affaire. La crainte des comices m’empêchait de m’occuper du jugement ; le jugement ne me permettait pas de donner toute mon attention à ma candidature. Prendre un ton menaçant avec les distributeurs, il n’y avait pas moyen ; car je voyais bien qu’ils n’ignoraient pas que j’étais lié, enchaîné par cette accusation. Dans