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confiance. Conduisons-nous en toutes choses comme si nous devions rendre compte de chacun de nos actes. Tels étaient les principes de Scipion l’Africain : personne n’était plus obligeant ; mais l’obligeance n’est estimable qu’autant que, comme chez ce grand homme, elle ne compromet pas l’honneur. Un homme depuis long-temps attaché à Scipion, qui le mettait au nombre de ses amis, ne pouvant obtenir de lui qu’il l’emmenât en Afrique, en qualité de préfet (25), en témoigna son mécontentement : « Ne soyez pas étonné, lui dit Scipion, si je ne vous accorde pas votre demande. Depuis long — temps je sollicite un citoyen à qui je me flatte que ma réputation sera chère ; je le presse de venir avec moi avec le titre de préfet, et je n’ai pu encore l’y décider. » C’était avec raison ; car, voulons-nous conserver intacts notre honneur et notre existence, nous devons plutôt prier qu’on nous accompagne dans notre province, que d’accorder comme une grâce l’avantage de nous y suivre. Mais vous, Verrès, lorsque vous invitiez vos amis à venir avec vous piller votre province, lorsqu’avec eux et par leur ministère vous exerciez vos brigandages, et que, en pleine assemblée, vous les décoriez d’anneaux (26) d’or, vous ne songiez donc pas que vous auriez à rendre compte non-seulement de votre conduite personnelle, mais encore de leurs actions ?

Après s’être assuré ces gains énormes et toujours croissans dans l’instruction des procès, dont il voulait connaître avec son conseil, ou plutôt avec sa cohorte, il avait imaginé mille expédiens pour faire arriver dans ses coffres des sommes incalculables.

XII. Personne ne doute que toutes les fortunes privées ne dépendent de ceux qui désignent les tribunaux et de