Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les vieux matériaux reviendront à l’entrepreneur. Comme s’il devait résulter de vieux matériaux d’un travail consistant à réparer les colonnes avec ces mêmes matériaux. Le pupille ne pouvait être adjudicataire ; je le veux : mais il n’était pas nécessaire pour cela que ce fût Verrès lui-même qui eût l’entreprise : il fallait laisser aux citoyens la liberté d’enchérir ; tous furent écartés aussi ouvertement que le pupille. L’ouvrage devant être achevé aux calendes de décembre, l’adjudication se fit vers les ides de septembre : donner si peu de temps, n’était-ce pas écarter tout le monde ?

LVII. Mais comment Rabonius trouva-t-il ce temps suffisant ? Personne ne vint chicaner Rabonius, ni aux calendes, ni aux nones, ni aux ides de décembre ; et Verrès partit même pour sa province avant que l’ouvrage fût achevé. Depuis qu’il a été traduit en justice, il a prétendu d’abord qu’il ne pouvait porter sur ses registres l’acceptation de la remise de cet ouvrage : ensuite, se voyant pressé par Rabonius, il se rejeta sur moi, et dit que j’avais mis le scellé sur ses papiers. Rabonius m’en demanda communication ; il me fit parler par mes amis, et n’eut pas de peine à l’obtenir. Verrès ne savait plus quel parti prendre ; il croyait se ménager un moyen de justification en n’inscrivant point sur ses registres la remise de cet ouvrage ; d’un autre côté, il sentait bien que Rabonius déclarerait tout ; et d’ailleurs, quel fait pourrait être plus manifeste que celui-ci ne le serait encore aujourd’hui, quand même nous n’aurions pas le témoignage de Rabonius ? C’est quatre ans après l’époque fixée pour la confection de l’ouvrage, que Verrès en a porté l’acceptation sur ses registres. Il n’aurait pu procéder ainsi, si tout autre avait obtenu l’entreprise ; mais personne ne se