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soumise ; craigniez-vous que le pupille ne fût pas assez riche ? mais ses biens et ceux de ses cautions offraient une garantie plus que suffisante pour le trésor public, et vous pouviez en exiger une encore plus forte. Enfin, si cette considération, si l’injustice d’un pareil décret ne vous arrêtait pas ; si la ruine d’un pupille, les larmes de sa famille, la générosité de D. Brutus(184), qui l’avait cautionné, si l’appui d’un tuteur aussi respectable que M. Marcellus n’étaient auprès de vous d’aucun poids, comment n’avez vous pas du moins réfléchi que telle était la nature de ce délit, que vous ne pourriez ni le nier, puisque vos registres le constataient, ni l’avouer avec quelque espoir de le justifier ? L’ouvrage fut adjugé pour cinq cent soixante mille sesterces, quoique les tuteurs criassent qu’ils le feraient pour quatre-vingt mille, au gré du plus injuste des hommes. Quels étaient en effet ces grands travaux ? vous les avez vus, juges : toutes les colonnes que vous avez vues reblanchies ont été démontées à peu de frais par le moyen d’une grue, puis rétablies sans qu’on y ait employé de nouvelles pierres : voilà ce que vous avez alloué, cinq cent soixante mille sesterces ; encore y a-t-il plusieurs de ces colonnes auxquelles votre entrepreneur n’a pas touché. Je soutiens même qu’il y en a une à laquelle on n’a fait autre chose que de recrépir le chapiteau. Quant à moi, si j’avais pensé qu’il en coûtât tant d’argent pour reblanchir des colonnes, certes je n’aurais jamais demandé l’édilité.

LVI. Mais il fallait présenter l’affaire de manière à couvrir cette spoliation d’un pupille. Aussi lit-on dans votre édit : Si dans vos travaux vous causez quelque dégradation, vous la réparerez. Quelle dégradation pouvait-on supposer, puisqu’il ne s’agissait que de re-