de ne point fermer l’oreille à l’opinion publique, de ne pas se souiller d’une injustice aussi criante. Le préteur lui reprocha de mettre trop d’âpreté et trop d’empressement à recueillir une succession inattendue. Vous devriez, lui dit-il, songer aussi aux intérêts du préteur, ajoutant qu’il avait besoin de bien des choses pour lui-même et pour la meute de surveillants(170) qu’il tenait autour de lui. Je ne saurais mieux faire que d’en référer, pour tous ces détails, à ce que vous a dit Octavius dans sa déposition. Vous l’avez entendue ! Eh bien, Verrès ! qu’avez vous à objecter ? faut-il ne donner aucune confiance à de pareils témoins ? et leur déposition est-elle étrangère à ce fait ? Direz-vous que ni Octavius ni L. Ligur, son frère, ne méritent point qu’on les croie ? Si vous les récusez, qui donc nous croira ? et nous-mêmes, à qui croirons-nous ? Dites-moi, Verrès, quel moyen aura-t-on de constater un délit par témoins, si celui-ci ne l’est point, ou si la déposition de tels hommes n’est comptée pour rien ? C’est vraiment une bagatelle que de voir le préteur de la ville établir en principe, pour le temps de sa magistrature, que tous ceux à qui il surviendra un héritage seront tenus de constituer le préteur leur cohéritier. Pouvons-nous mettre en doute le ton d’insolence qu’il s’arroge avec les hommes d’une naissance, d’une considération et d’un ordre inférieurs, avec les villageois des municipes, enfin avec les affranchis, en qui jamais il n’a vu des hommes libres ? En douterons-nous, lorsque, pour rendre justice à M. Octavius Ligur, homme que sa naissance, son rang, son nom, sa vertu, son esprit, ses richesses rendent respectable à tant de titres, il n’a pas hésité à lui demander de l’argent ?
XLIX. Dirai-je de quelle manière il s’est comporté