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belle Chélidon, après y avoir pris les auspices(143) ; il est porté, par le sort, au département de la ville, au gré de ses désirs et des vœux de Chélidon, bien plus que par le vœu du peuple romain. Pour son début, par quel édit établit-il sa jurisprudence ? vous allez l’apprendre.

XLI. P. Annius Asellus avait cessé de vivre pendant la préture de C. Sacerdos(144). Il n’avait qu’une fille unique, et l’état de ses biens n’était pas inscrit sur le rôle des censeurs(145). La nature lui commandait d’instituer cette enfant son héritière, aucune loi ne s’y opposait ; il le fit : la succession appartenait donc à sa fille ; les lois, l’équité, la volonté du père, les ordonnances des préteurs, la jurisprudence constamment en vigueur jusqu’à l’époque où Asellus était décédé, tout parlait en sa faveur. Verrès n’était encore que préteur désigné. J’ignore s’il fut instruit par ses émissaires qui voulurent le mettre à l’épreuve, ou si, par un effet de la sagacité qu’il a toujours signalée dans ses rencontres, il en vint tout à coup, sans guide et sans maître, à ce comble de perversité. Quoi qu’il en soit, vous pourrez par-là juger de l’audace et de la démence de cet homme. Il fait prier de venir L. Annius(146), qui devait hériter au défaut de la fille d’Asellus : car on ne me persuadera pas que Lucius soit allé de lui-même trouver Verrès. Il lui dit que, par un édit, il peut lui adjuger la succession, et lui apprend de quelle manière la chose peut s’effectuer. Si Lucius jugea l’objet bon à prendre, le préteur le jugea bon à vendre. Cependant Verrès, tout audacieux qu’il était, crut devoir s’adresser sous main à la mère de la pupille, aimant mieux recevoir une somme d’argent pour ne pas enfreindre ses ordonnances, que pour y ajouter une clause si odieuse et si révoltante. Mais comment les tuteurs pourraient-ils, au nom de leur pupille,