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fait paraître ; c’est sa mère et son aïeule. On les a toutes deux entendues, dans leur infortune, pleurer sur leur enfant dépossédé par vous de l’héritage paternel. Que voulez-vous de plus ? Faut-il que du fond des enfers Malleolus revienne vous reprocher d’avoir trahi vos devoirs de tuteur, de collègue et d’ami ? Figurez-vous qu’il est là et qu’il vous dit : « Homme avare et sans honneur, rends au fils de ton associé les biens de son père, sinon tous ceux que tu as détournés, du moins ceux que tu as reconnus ! Pourquoi forces-tu le fils de ton associé à faire entendre, la première fois qu’il se présente dans le Forum, les accents de la douleur et de la plainte ? pourquoi faut-il que l’épouse, la belle-mère, toute la maison de ton associé, soient obligées de venir déposer contre toi ? pourquoi les femmes les plus modestes et les plus vertueuses sont-elles réduites par toi à paraître, contre l’usage, au milieu d’une si nombreuse réunion d’hommes ? » Lisez la déposition des témoins : Déposition de la mère et de l’aïeule.

XXXVIII. Proquesteur, quelles vexations n’a-t-il pas exercées envers la commune des Milyades(133) ? combien la Lycie, la Pamphylie, la Pisidie et toute la Phrygie ont eu à souffrir pour la levée des grains, soit en nature, soit en argent(134), de l’essai qu’il y a fait de son système de rapine, si bien développé depuis en Sicile ! Il n’est pas nécessaire d’en parler avec détail. Sachez seulement que, pour ces différents articles qui lui passaient tous par les mains, il imposait aux villes des contributions en blés, cuirs, cilices(135), sarrots, et qu’au lieu de les exiger il s’en faisait payer la valeur ; que, pour ces articles seuls, Cn. Dolabella a été condamné à restituer trois millions de sesterces (136). Toutes ces exactions étaient autorisées, il est vrai, par Dolabella ; mais enfin C. Verrès en était