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j’y vins mettre les scellés(80). Où sont maintenant ces statues, Verrès ? Je parle de celles que dernièrement nous avons vues chez vous adossées à toutes les colonnes, ou même placées dans tous les entre colonnements, et en plein air dans toutes les allées de votre parc. Pourquoi sont-elles restées dans votre maison, tant que vous avez pensé que votre procès serait porté devant un autre préteur(81), assisté des juges que vous vous étiez flatté d’obtenir du sort, à la place de ceux qui siègent sur ce tribunal ? Mais, du moment où vous vous êtes aperçu que nous aimions beaucoup mieux nous servir de nos témoins que de profiter des heures de plaidoirie qui pouvaient tourner à votre avantage(82), pourquoi toutes les statues ont-elles disparu, excepté les deux qui sont encore au milieu de votre cour, et qui font partie de celles que vous avez enlevées de Samos ? Avez-vous pensé que je ne citerais pas en témoignage ces bons amis qui sont venus tant de fois dans votre maison, et que je ne leur demanderais pas s’il n’y avait pas eu des statues que l’on n’y voyait plus ? Quelle idée nos juges se feront-ils de vous, s’ils voient qu’au lieu de vous défendre contre votre accusateur, vous en êtes déjà à vous débattre contre le questeur du trésor et les enchérisseurs(83) des biens confisqués ?

XX. Aspendus(84 est, comme vous savez, une ancienne ville de la Pamphylie ; elle était remplie de statues très estimées. Je ne dirai pas que telle ou telle statue fut enlevée ; je dirai, Verrès, que vous n’en avez pas laissé une seule. Oui, toutes furent enlevées et des temples et des lieux publics, d’une manière patente, sous les yeux de tous les habitants ; toutes furent entassées sur des chariots et emportées hors de la ville. Ce fameux joueur de