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faillir sans que vous soyez compromis, juges. Pour moi, ma conduite passée m’a fait assez connaître, et l’on prévoit assez quelle sera ma conduite à venir. Déjà mon dévouement à la république s’est manifesté du moment que, rétablissant un usage interrompu depuis une longue suite d’années, et cédant aux sollicitations des plus fidèles alliés du peuple romain, et qui sont aussi mes amis, j’ai déféré devant la justice le plus audacieux des hommes. Et cet acte de ma part a trouvé tant d’approbateurs dans les tribunaux respectables, où plusieurs de vous étaient assis, qu’un citoyen qui avait été le questeur de Verrès, et qui avait contre lui les plus graves sujets de plaintes(21), ne put obtenir d’eux l’autorisation qu’il sollicitait de l’accuser, ni même de souscrire l’accusation. Je suis allé en Sicile pour recueillir des informations, et dans la promptitude de mon retour on a vu la preuve de mon activité ; dans le grand nombre de pièces et les témoins que j’ai produits, celle de l’exactitude de mes recherches ; enfin l’on a dû reconnaître ma délicatesse, lorsqu’on m’a vu, moi sénateur(22), arrivant chez les alliés du peuple romain, dans une province où j’avais exercé la questure, et joignant à ces titres celui de défenseur d’une cause commune à tous les habitans, accepter un logement chez mes hôtes et mes amis, plutôt que dans la maison d’aucun de ceux qui réclamaient mes secours. Mon voyage n’a causé ni embarras ni dépenses, soit au gouvernement, soit aux particuliers. Dans mes enquêtes, j’ai mis toute la rigueur qu’autorisait la loi(23), mais non pas autant que j’en aurais pu déployer pour satisfaire au ressentiment des victimes de l’accusé. À peine étais-je de retour à Rome, que Verrès et ses amis, tous gens d’importance et répandus dans le monde, se-