penser : que Verrès échappe aux coups de la justice sénatoriale qui lui est vendue, qu’il élude toutes les poursuites, qu’il échappe à votre sévérité ; il rompra, croyez-moi, les liens les plus forts, dont le peuple romain saura l’enlacer. Le peuple romain en croira ces respectables chevaliers, qui, dans leur première déposition, vous ont dit que sous leurs yeux un citoyen romain, alors même qu’il offrait pour ses garans les hommes les plus honnêtes, avait été attaché sur une croix. Toutes nos trente-cinq tribus en croiront M. Annius(16), cet homme si sage et si respectable, qui vous a dit qu’en sa présence on a fait tomber la tête d’un citoyen romain. On écoutera L. Flavius(17), un de nos illustres chevaliers, qui pourra déclarer que son intime ami, Herennius(18), arrivant d’Afrique, où il faisait le commerce, fut, dans Syracuse, malgré la réclamation de plus de cent citoyens romains, qui tous le connaissaient et qui intercédaient pour lui les larmes aux yeux, livré à la hache du licteur. Il ne s’élèvera aucun doute sur la bonne foi et la véracité de L. Suetius, cet homme recommandable à tant de titres, qui, après avoir prêté serment devant vous, a dit qu’un grand nombre de citoyens romains, jetés dans les carrières(19), avaient péri d’une mort cruelle et violente, par les ordres de Verrès. Quand du haut de la tribune où m’a permis de monter la bienveillance du peuple romain, je développerai toutes les horreurs de cette cause, je ne crains pas qu’aucune force puisse soustraire le coupable au jugement du peuple romain, ni que je puisse, durant mon édilité, offrir au peuple romain un spectacle(20) qui soit à ses yeux plus agréable et plus magnifique.
VI. Il faut donc que tous nous fassions ici tous les efforts qu’on attend de nous : nul dans cette cause ne peut