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NOTES DES TUSCULANES.

LIVRE PREMIER.

I. Annis enim DX post Romam conditam. Suivant la chronologie de Vairon, le consulat de C. Claudius Centho et de M. Sempronius Tudilanus est fixé à l’an de Rome 514. L’auteur qui, cette année, donna une pièce de théâtre, était un affranchi, nommé Livius Andionicus, dont il ne reste qu’un très-petit nombre de vers, la plupart tronqués, par lesquels on ne saurait guère juger de son mérite. Aulu-Gelle, liv. xvii, chap. 21, compte plus de 100 ans depuis la mort de Sophocle, et environ 52 ans depuis celle de Ménandre, jusqu’au temps où Livius parut. D’Olivet. — Cicéron dit ailleurs (Brutus, c. 18) : « Livius primus fabulam C. Clodio Cxci lilio "À M. Tuditano coss., docuit, anno ipso, antequam natus est linuius, post Romam conditam auteui, cpiarto dccimo et quingentesimo. »

II. Objecitut prubrum M. Kobiliori. M. Fulvius Nobilior, un des grands guerriers de son temps, consul en 565. Il fut envoyé pour soumettre l’Ktolie, province de Grèce ; et non-seulement il s’y fit accompagner par le poêle Ennins, mais à.son retour, quoique Rome ne fut pas favorable il la poésie, il ne craignit point de consacrer aux.Muses les dépouilles de Mars. D’Olivet.

III. Miil/i jnm esse lafini libri. Ceux qui suivaient Épicure ; nous n’avons rien aujourd’hui de ce qu’ils avaient écrit en prose. D’Ol. Dans le premier livre des Académiques, Cicéron cite nommément Amafanius et Rabirius.

IV. Ut jam eliam scholas, Grœcorum more… D’Olivet traduit:« j’ai mùirie o.sé tenir des conférences philosophiques, à la manière des Grecs »; et il ajoute en note:« il y a dans le texte sc/inlas, ipii se rendrait fort mal par le mot d’écoli’.i, Cicéron, au commencement du second livre rfe f’/H(/) ».s, explique ce que c’était. Gorgias, dit-il, fut le premier qui osa demander en public qu’on le questionnât ; c’est-à-dire (pi’ou lui marquât sur ipioi <in voulait qu’il discourût. C’est, ajoute (Cicéron un peu plus bas, ce (pii se pratique encore aujourd’hui dans l’Académie. Car, lors(pu’celui qui vent être instruit, a dit, par exemple. Il me sendile que la volupté est le souverain bien; alors le philosophe soutient l’opinion contraire dans un discours continu:c’est donc le di.îcoms du maître en réponse il la question du discipli ! (pii s’appelait scitolii; et dans noire langue le mot de ciiiifirciice est peut-être celui ipii s’éloigne le moins de cette idée. »

V.                      Sisyphu’ versat
Saxum siidtnin nitendo, neqtw pritjicil hilum ?

Vers d’un ancien poète, cité par Nonius, qui les a pris dans Cicéron.

VII. Non dicis igitur, miser est M. Crassus. D’Olivet a rendu ce passage, jusqu’ici : age, jam concedo, par un équivalent un peu bref et qui n’en reproduit pas les détails. En voici la traduction fidèle : « vous ne dites donc pas : M. Crassus est malheureux, mais seulement : M. Crassus malheureux. L’a. Oui, sans doute. C. Comme s’il ne fallait pas que ce que vous énoncez, dans votre proposition, fût ou ne fût pas en effet ! Ignorez-vous donc jusqu’aux premiers éléments de la dialectique ? Consultez-la ; voici un de ses premiers enseignements : toute proposition (c’est l’expression qui me vient à la bouche pour rendre le grec ἀξίωμα ; si plus tard j’en trouve une meilleure, je l’emploierai), toute proposition donc est ou vraie ou fausse. Ainsi lorsque vous dites, M. Crassus malheureux, ou vous dites : M. Crassus est malheureux, et c’est à ceux qui vous entendent à juger si cette proposition est vraie ou fausse ; ou vous ne dites rien du tout. »

VIII. Emori nolo, sed me esse mortuum nihil œstumo. Cette pensée fait un vers dans Cicéron, et il n’est pas aisé de donner un tour poétique à ces sortes de citations qui pourtant sont fréquentes dans les Tusculanes. Si quelqu’un pouvait vaincre la difficulté, c’était l’illnslre M. Rousseau. Je l’ai engagé à me secourir en cette occasion, et il a bien voulu faire pour moi la plupart des vers qui se trouvent dans cette première Tu.sculane. Je dis la plupart, afin qu’on ne lui altiibne pas ceux qui doivent être mis sur mon compte, c’est-à-dire les mauvais. » D’Ol. On lit dans Sextus Empiricus, adv. Math. p. 54, nn vers d’Épicharme qui a de l’analogie avec celui que traduit Cicéron :

« Ἀποθανεῖν ἦ τεθνάναι, οὔ μοι διαφέρει »

IX. Aliis cor ipsum nuimus vide/ur : ex quo excordes… Voici la traduction complète de la phrase latine : « Selon quelques-uns, l’âme n’est autre chose que le cœur même, d’où ces expressions Cœur vil. Sans cœur. Concorde ; le sage Nasica, deux fois consul, est appelé Corculum, homme de cœur ; et dans Ennius :

« Cet homme de grand cœur, Catus Ælius Sextus. »

Animum autem alii animam… Celle phrasp est prescpie intraduisible ; elle roule tout entière sur une étymologic qui n’appartient pas k la langue française. On peut en rendre ainsi la première partie : •■ D’autres philosophes disent (|ue l’àuie c’est de l’air ; et notre langue semble confirmer cette opinion. Nous disons ccHrfrc /’(jmp, expirer, animation, ce grand souffle de l’esprit » Le mot latin animas ei ; l d’à ni ma, ipii signifie à la fois f/ir et t’en/ et le principe de l’aiumalion lien (>st de nuMne du grec πνεῦμα. Lactance dans le de Opif. Dei, 17 ; « .Nonnulli dissi^runt auiinam esse veuluin, imde anima vel aniinus nomen accepit (jnod gra’ce ventum àv£|xo ; dicitur. i>

X. Ut multi ante veteres. Proxtme autem. Orelli écrit ainsi : « /(vt.sîhjh/i. l’t mulli ante veterc.i, proxime aiileni.iristoxenus. Cette correction parait très-raisonnable ; il y avait en effet, depuis les premiers temps de la philosophie grecque, des partisans de celle opinion (pie l’iline est une harmonie.

Multo ante et dietum, et explanatum n Platane. i’Iatou fait soutenir celle opinimipar Simm ias dans le l’hédon, et la combat par plusieurs aigimicnls dont le plus.solide est (iiie l’àme ne peut être l’harnuiniedu corps, puisipi’elle commande au corps, le (lom|ileet le di’chiro (pu’lipielois.

Xenocrates animi figuram. Aristote, de Anima, I, 4, réfute le sentiment de ceux qui définissent l’âme un nombre qui se meut, Ἀριθμὸν ἑαυτὸν ϰινοῦντα ; et par nombre, il entend unité, μονάδα. D’Ol.

Sic ipsam animum, ἐντελέχειαν appellat novo nomine… Cette interprétation essayée par Cicéron du terme ἐντελέχεια, est condamnée à peu près généralement par les critiques, par les témoignages formels de l’antiquité, et par une saine intelligence de la doctrine d’Aristote, qui déclare partout que l’âme, principe du mouvement, est de sa nature immobile. Stobée déclare qu’il