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CICÉRON.

chambre de ses sœurs. Il a lu dans l’assemblée la réponse des aruspices concernant ces armes qui ont retenti dans les airs ? Vous savez qu’entre autres choses, il est écrit dans cette réponse, que des consacrés et religieux sont employés à des usages profanes. Il a dit que ces mots désignent ma maison, consacrée par Clodius, le plus religeux de tous les prêtres.

Je me réjouis d’avoir le droit, ou plutôt d’être dans la nécessité de parler sur ce prodige, le plus important peut-être qui ait été déféré au sénat depuis plusieurs années. Vous conclurez et du prodige et de la réponse, que la voix du grand Jupiter lui-même semble nous dénoncer la perversité et la fureur de Clodius, et les désastres prêts à fondre sur nous. Mais avant tout, j’établirai que ma maison n’est pas un lieu sacré. Je le prouverai de manière à ne vous laisser aucun doute. S’ikl vous restait le plus léger scrupule, je me soumettrai sans résistance, et même avec empressement à tout ce que demandant les prodiges et la religion.


IV. Quelle est donc dans cette ville immense, quelle est la maison qui soit, autant que la mienne, exempte et libre de toute consécration ? Les vôtres, pères conscrits, celles des autres citoyens le sont, pour la plus grande partie ; la mienne est la seule dans Rome qui ait été déclarée par tous les jugements ? Je vous atteste ici, Lentulus, et vous, Philippe. D’après la réponse des aruspices, le sénat a ordonné que vous lui feriez votre rapport sur les lieux consacrés et religieux. Mam maison peut-elle être l’objet de ce rapport, quand elle est la seule dans Rome que tous les tribunaux, comme je l’ai dit, ont relevé de toute interdiction religieuse ? Premièrement, en ces temps de trouble et de désordre, mon ennemi lui-même, parmi tant d’autres infamies qu’il avait tracées pour lui la main impure de Sext. Clodius, n’a point hasardé un seul mot relatif à la consécration. En second lieu, le peuple romain, en qui réside le pouvoir suprême, a ordonné dans une assemblée par centuries, à l’unnanimité de tous les âges et de tous les ordres, que cette même maison serait réintégrée dans tous ses droits.

Ensuite vous avez décidé, pères conscrits, que cette affaire serait renvoyée devant le collège des pontifes, non qu’il restât aucune incertitude ; mais vous vouliez fermer la bouche à ce furieux, s’il s’obstinait à demeurer au sein d’une ville qu’il brûlait d’anéantir. Dans nos doutes, je dirai même dans nos craintes les plus superstitieuses, il suffit d’une réponse, d’un mot de Servilius et de Lucullus , pour tranquilliser les consciences les plus timorées. Quand il s’agit des sacrifices publics, des grands jeux, du culte des dieux pénates et de Vesta, de ce sacrifice même qui s’offre pour le salut du peuple romain, et qui, depuis que Rome existe, n’a jamais été souillé que par le crime de ce vertueux protecteur de la religion , la décision de trois pontifes a toujours été pour le peuple romain, pour le sénat, pour les immortels eux-mêmes, une autorité assez imposante, assez auguste, assez religieuse. Mais ici, quelle foule de suffrages réunis en ma faveur ! P. Lentulus, consul et pontife ; P. Servilius, M. Lucullus, Q. Métellus, M. Glabrion,

ejus exspectatur de pudicitia ? Quid enim interest, utrum ab altaribus religiosissimis fugatus, de sacris et religionibus conqueratur, an ex sororum cubiculo egressus, pudorem pudicitiamque defendat ? Responsum haruspicum hoc recens de fremitu in concione recitavit : in quo cum aliis multis scriptum etiam illud est (id quod audistis), loca sacra et religiosa, profana haberi. In ea causa esse dixit domum meam, a religiosissimo sacerdote, P. Clodio, consecratam.

Gaudeo mihi de toto hoc ostento, quod haud scio, an gravissimum multis his annis huic ordini nuntiatum sit, datam non modo justam, sed etiam necessariam causam esse dicendi. Reperietis enim ex hoc toto prodigio atque responso, nos de istius scelere ac furore, ac de impendentibus periculis maximis, prope iam voce Jovis Optimi Maximi præmoneri. Sed primum expiabo religionem ædium mearum, si id facere vere, ac sine cujusquam dubitatione potero. Sin scrupulus tenuissimus residere alicui videbitur, non modo patienti, sed etiam libenti animo portentis deorum immortalium religionique parebo.


IV. Sed quæ tandem est in hac urbe tanta domus, ab ista religionis suspicione tam vacua atque pura ? Quamquam vestræ domus, patres conscripti, ceterorumque civium, multo maxima ex parte sunt liberæ religione, tamen una mea domus judiciis omnibus liberata, in hac urbe, sola est. Te enim appello, Lentule, et te, Philippe : ex hoc aruspicum responso decrevit senatus, ut de locis sacris religiosis ad hunc ordinem referretis : potestisne referre de mea domo ? quæ (ut dixi) sola, in hac urbe, omni religione, omnibus judiciis, liberata est : quam primum inimicus ipse, in illa tempestate ac nocte reipublicæ, quum cetera scelera stylo illo impuro, Sext. Clodii ore tincto, conscripsisset, ne una quidem attigit littera religionis : deinde eamdem domum populus romanus, cujus est summa potestas omnium rerum, comitiis centuriatis, omnium ætatum ordinumque suffragiis, eodem jure esse jussit, quo fuisset. Postea vos, patres conscripti, non quo dubia res esset, sed ut huic furiæ, si diutius in hac urbe, quam delere cuperet, maneret, vox interdiceretur, decrevistis, ut de mearum ædium religione ad pontificum collegium referretur. Quæ tanta religio est, qua non in nostris dubitationibus, atque in maximis superstitionibus, unius P. Servilii ac M. Luculli responso ac verbo liberemur ? De sacris publicis, de ludis maximis, de deorum penatium Vestæque matris cærimoniis, de illo ipso sacrificio, quod fit pro salute populi romani, quod, post Romam conditam, hujus unius casti tutoris religionum scelere violatum est, quod tres pontifices statuissent, id semper populo romano, semper senatui, semper ipsis diis immortalibus satis sanctum, satis augustum, satis religiosum esse visum est. At vero meam domum P. Lentulus, consul et pontifex, P. Servilius, M. Lucullus, Q. Metellus, M'. Glabrio, M. Messalla, L. Lentulus, flamen