Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/719

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’aise de la vie qu’il faut mesurer la fortune. Ne pas avoir de passions, c’est de l’argent comptant ; ne pas aimer la dépense, est un beau revenu ; être content de ce que l’on a, c’est la plus grande et la plus solide richesse. Car si les habiles experts donnent un grand prix aux prés et aux champs, parce que ces sortes de propriétés sont celles qui souffrent le moins d’atteinte ; quelle estime ne doit-on pas faire de la vertu, qui jamais ne peut nous être enlevée ni dérobée ; que l’on ne perd ni dans un naufrage, ni dans un incendie, et que n’altèrent ni la violence des tempêtes ni les ravages du temps ? Ceux qui la possèdent, seuls sont riches ; car seuls ils ont des biens à la fois productifs et impérissables ; et seuls (ce qui est le propre des richesses) ils sont satisfaits de ce qu’ils ont ; ils estiment que ce leur est un avoir suffisant. Ils ne désirent rien, n’ont besoin de rien, ne se sentent manquer de rien, ne recherchent rien. Les méchants au contraire et les avares, n’ayant que des biens incertains et qui donnent prise à la fortune, les veulent toujours accroître ; il ne s’en est pas encore trouvé un seul qui pût se contenter de ce qu’il avait ; aussi doit-on les regarder non comme des gens riches et dans l’abondance, mais comme des pauvres et des indigents.


NOTES SUR LES PARADOXES.

PROŒMIUM. Animadverti Brute. M. Julius Brutus, le meurtrier de César. Servilia, sa mère, était sœur de Caton d’Utique.

Ea philosophia plus utimur. Cicéron se rattachait de préférence à la nouvelle académie, et avait d’ailleurs plus de goût pour la doctrine des péripatéticiens que pour celle des stoïciens.

PROŒMIUM. Animadverti Brute. M. Julius Brutus, le meurtrier de César. Servilia, sa mère, était sœur de Caton d’Utique.

Illa Minerva. La Minerve de Phidias était placée dans l’Acropolis d’Athènes.

PARADOXON I.I Patriam Prienem. Priène, ville d’Ionie. L’ennemi dont il est ici question était Alyatte, père de Crésus. Hérodote I, 26 Diogène Laerce, Vie de Bias ; et Valère Maxime, XII, 2.

II. Cupedines ac fictiles urnas. Vases dont on se servait dans les sacrifices. On trouve, dans le de Natara deorum, III, c. 17 Cupedunculae Numae.

Interjectus Cato. Caton l’Ancien, qui mourut à quatre-vingt-cinq ans, cinq ans avant la ruine de Carthage par le second Africain.

III. Corinthiis operibus. Ouvrages d’art faits d’airain de Corinthe.

PARADOXON II. — C. Marium vidimus. Marius était mort l’an de Rome 667. Cicéron a toujours professé pour Marius une grande admiration ; il avait fait un poème en son honneur.

Nescis, insane. Cet insensé est Marc Antoine ; quelques éditions ajoutent : O Marce-Antoni !

PARADOXON III.I. Parva, inquis. L’auteur se met ici en plein dialogue et va répondre à une sorte d’objection.

Transilire lineas. Comparaison empruntée aux règles de la course antique. Il y avait deux lignes tracées dans la carrière, l’une au point de départ, l’autre à l’extrémité. Franchir la première avant le signal était manquer à la règle. Grévius pense que c’est à celle-ci que Cicéron fait allusion, quoiqu’on puisse aussi bien l’entendre de l’autre qu’il ne fallait pas dépasser, et que le reste de la phrase nous fasse incliner pour cette seconde interprétation. Transilire lineas s’emploie fréquemment dans le sens de faire une faute.

II. Ne a lenonibus. Sarcasme qui s’adresse à peu près indistinctement à tous les partisans de la volupté.

Saguntini. Lors du siège de Sagonte par Annibal. Tite-Live, XXI, 24.

Extra numeros. La mesure dont il est question ici est celle du geste, comme l’indiquent clairement les expressions gestu moderatior que l’on trouve un peu après. Dans l’antiquité, tout ce qui se disait et se faisait sur la scène était réglé et mesuré per numeros.

Digitis peccata dimelientem. L’auteur fait allusion à la coutume des poètes de compter sur leurs doigte les pieds de leurs vers.

Breviora. Suite de la comparaison des actions avec les vers.

PARADOXON IV.Omnem stultum insanire. L’expression stultum, traduction imparfaite du mot grec ἄφρων, n’a point d’équivalent dans notre langue. Être stultus c’est philosophiquement, ne pas être sapiens ; et les stoïciens entendaient volontiers par là celui qui n’avait pas leur sagesse, c’est-à-dire, qui n’était pas de leur secte et ne se réglait pas en stoïcien.

Ego vero te. Toute cette diatribe est à l’adresse de Clodius, le promoteur de l’exil de Cicéron, et qui n’appelait