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fâcheux ni funeste. C’est pour cela que, quand nous souffrons de grandes douleurs, nous implorons la mort, et que nous la désirons de toute notre âme, comme le terme de nos infortunes et de nos maux.

Après avoir prouvé que la mort ne nous doit point effrayer pour nous-mêmes, il me reste à faire voir qu’elle n’a rien de triste pour ceux à qui elle est glorieuse. On doit en effet penser d’eux qu’ils ont assez vécu, s’ils ont terminé leur vie par un beau trépas : la gloire les suit au tombeau, et devient le gage du bonheur et du plaisir pur dont ils jouissent ; plaisir qui se fait d’autant mieux sentir à leurs âmes, qu’ils ont pris plus de peine à remplir leurs devoirs, et qu’ils ont montré plus d’ardeur et de zèle dans l’exercice de toutes les vertus. Et certes, l’homme étant né pour faire le bien, et pour agir conformément aux principes de cette raison qui lui a été donnée, à cet effet, exclusivement à tous les autres animaux, en quoi placerait-il plutôt son honneur et son plaisir, que dans les actions louables ? Oublierait-il de quel lieu il tire son origine ? Celui qui a bien vécu s’en est souvenu ; et il ne saurait être fâché de mourir, puisqu’il laisse plusieurs témoins de sa vertu qui en conserveront le souvenir. Mais de quelle joie ne doit-on pas croire que sont transportées ces âmes qui, dégagées des liens du corps, viennent se réunir aux feux célestes, et reprendre leurs places dans les demeures éternelles d’où elles étaient sorties ? Il est bien certain que ces âmes, ainsi que les nôtres, sont des émanations de l’esprit divin, et qu’enfermées dans nos corps, elles sont comme affaissées par le poids de cette fange terrestre ; mais lorsque, débarrassées de cette masse corporelle, libres enfin, elles ont repris leur essor vers leur propre domicile,