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1753[1]), l’ordre et la date de toutes ces dissertations où l’on trouve presque toujours autant d’injures que de raisons : c’étaient là les brochures du seizième siècle. Le dernier assaut que Sigonius eut à essuyer fut le livre de Gulielmius ou Wilhelm, de Lubeck, dont les travaux ont été si utiles au texte de Cicéron, et que je cite souvent dans les notes latines. Cette critique était victorieuse. On dit que Sigonius en mourut de chagrin.

Bien des probabilités se réunissent pour faire croire qu’il était l’auteur de la Consolation. Riccoboni paraît avoir prouvé que Sigonius en avait remis le manuscrit à l’éditeur de Venise, Fr. Vianelli, un de ses disciples ; qu’un autre de ses élèves, Zamoski, avait eu l’ouvrage entre les mains, et qu’il l’avait montré, longtemps auparavant, à plusieurs personnes ; que Patricius, qui était aussi de ses amis, avait adopté dans les fragments, dès 1565, des leçons qui ne se trouvaient que dans l’édition complète nouvellement publiée. Quant au style, la comparaison que tout le monde en peut faire avec celui de Sigonius, loin de nuire à la vraisemblance de cette conjecture, servirait plutôt à la confirmer. Cet écrivain, à l’exemple de tous les Cicéroniens de ce siècle, Bembo, Sadolet, Longueil, avait pris une telle habitude de la période cicéronienne, qu’on la retrouve même dans ses traités purement didactiques, comme les Fastes consulaires. On voit d’ailleurs qu’il ne haïssait pas ces déguisements ; car il avait mis quelquefois ses propres ouvrages sous le nom de ses élèves (Baillet, Jug. des Savants, tome VI, page 374). Enfin, son dernier écrit sur cette controverse, imprimé en 1599, quinze ans après sa mort, ressemble fort à une palinodie. Mais pourquoi avoir attendu jusqu’à ses derniers moments pour changer de langage ? pourquoi n’avoir pas voulu, même dans cette espèce de testament, adressé à la postérité, qu’on lui fît honneur d’un travail qui avait assez de mérite pour n’être pas indigne de lui ? On peut répondre que s’il avait réussi à tromper un plus grand nombre de savants, il les aurait

  1. Avant cette traduction, il y en avait une de Benoit Dutroncy, Lyon, 1584