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scélérat ; le libérateur de Rome, par l’ennemi des Romains. O misérable destinée de la vie, dont le bonheur ne dure que le caprice de la fortune ! Moi, je serais l’ennemi déclaré de la patrie ? Pourquoi ? Pour avoir condamné et fait mourir les ennemis qui s’armaient contre elle. Voilà donc la triste condition de ces temps funestes, ! Autrefois on jugeait dignes de gloire et de récompense les sauveurs de l’état ; aujourd’hui on les traite de scélérats et de parricides. Eh bien ! qu’on leur donne ce détestable nom ; que les factieux triomphent, si c’est triompher que de plonger la république dans le deuil ; qu’ils soient fiers de cette palme teinte du sang de l’innocent. Je ne vous demande qu’une grâce, chevaliers romains ; c’est de ne pas abandonner celui que vous avez tant de fois comblé de louanges et d’honneurs, et de lui faire un rempart de votre courage au milieu des périls qui l’environnent.