Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conspiration, qu’il n’en reste pas même une étincelle, arrêtez, à votre tour, les emportements d’un tribun téméraire, qui se déclara d’abord votre ennemi, et qui maintenant se déclare le mien ; prenez garde que la cruauté dont il fait sur moi l’épreuve ne s’exerce plus librement sur vous, et que votre malheur, pour être différé, n’en soit que plus terrible et plus durable. Jusqu’à présent j’ai été seul choisi pour le malheur, ou appelé le premier à un tel danger, et tous les cœurs doivent être touchés de mon sort. Tout est changé : on ne veut pas que mes mains vous indiquent d’où part l’injustice, que ma langue déplore mon infortune, que les sons même de ma voix vous représentent cette indignité. Ils me reprochent ma naissance, ces hommes qui introduisent un nouveau système, et rabaissent l’ancienne gloire de nos ancêtres. Mais pourquoi vous entretenir de leurs calomnies contre moi, de leur scélératesse envers vous ? Leur méchanceté est si bien connue, malgré mon silence, si bien prouvée par la turpitude de leurs mœurs, qu’il est inutile que leurs ennemis parlent d’eux, puisque leurs crimes ne sont désavoués ni par leurs amis ni par eux-mêmes. J’aime mieux ne m’adresser qu’à vous, c’est vous qui pouvez tout sur moi. Je parle de mes malheurs devant ceux qui ont toujours été les témoins de mon innocence et de ma vertu.

VII. On chasse donc de sa patrie un citoyen qui a bien mérité de la république ? on exile donc un innocent, un consulaire ? Un homme qui fut armé jadis d’un grand pouvoir et défendu par de nombreux amis, environné maintenant d’envieux et d’ennemis, sera réduit à manquer de tout ? Si vous lui refusez un appui