Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vos vertus a forcé les mêmes hommes à vous porter envie et à feindre de vous aimer. Retenez donc ce précepte d’Épicharme :

Sois sobre et défiant, tu seras toujours sage.(32)

Une fois assuré des services de vos amis, il faut connaître les diverses classes de vos ennemis, de vos adversaires, et la manière de vous conduire avec eux. Vous en avez de trois sortes : ceux que vous avez offensés ; ceux qui vous haïssent sans cause ; ceux qui sont fortement attachés à vos compétiteurs. Auprès de ceux que vous avez offensés, en plaidant contre eux pour un ami, excusez-vous de bonne foi sur la nécessité où vous étiez d’agir ainsi ; donnez-leur l’espoir que s’ils veulent devenir vos amis, vous soutiendrez leurs intérêts avec autant de zèle et d’activité. Pour guérir de leur prévention défavorable ceux qui vous haïssent sans cause, adoucissez-les par de bons offices, par des espérances, par l’assurance que vous chercherez à leur être utile. Les mêmes moyens vous serviront à l’égard de ceux que vous rend contraires leur amitié pour vos compétiteurs ; montrez même pour ceux-ci un esprit bienveillant, si vous pouvez le faire avec quelque vraisemblance.

XI. Après avoir suffisamment parlé des moyens de vous assurer des amis, je dois traiter de cette autre partie de vos soins, qui a pour objet la faveur populaire. Elle se compose de la nomenclation(33), de la complaisance, de l’assiduité, de l’affabilité, de la renommée et de l’espoir public. Faites d’abord éclater le soin que vous prenez de bien connaître vos concitoyens ; perfectionnez cette connaissance pour en faire chaque jour avec eux plus d’usage ; rien, suivant moi, ne leur sera