Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
DE LA VIEILLESSE.

rité du sénat, partageait par tête, aux citoyens, les territoires de la Gaule et du Picénum ; et lorsqu’il était augure, il ne craignit pas de dire qu’on faisait toujours sous de bons auspices tout ce qui tendait au salut de la république, et sous de mauvais, tout ce qui était dirigé contre elle.

Je l’ai toujours admiré ; mais rien ne m’a paru plus merveilleux que la manière dont il supporta la mort de son fils Marcus, personnage consulaire et déjà illustre. L’éloge qu’il prononça est dans toutes les mains : lorsque nous le lisons, quel est le philosophe que nous oserions lui comparer ? Ce ne fut pas seulement en public et sous les yeux des citoyens qu’il fut grand ; il le fut aussi dans l’intérieur de sa maison. Quelle conversation ! quelles maximes ! quelle connaissance de l’antiquité ! comme il possédait la science des augures ! Il avait aussi beaucoup de littérature pour un Romain(8) : il se rappelait parfaitement et toutes les guerres domestiques et toutes les guerres étrangères. Que j’étais avide de l’entendre ! il semblait que je devinais, ce qui arriva, qu’après sa mort je n’aurais personne auprès de qui je pusse m’instruire.

V. Pourquoi vous ai-je tant parlé de Maximus ? Pour vous faire comprendre qu’il n’est pas permis de dire qu’une telle vieillesse a été misérable. Tous les hommes, il est vrai, ne peuvent pas être des Scipion, des Fabius, ni occuper leur mémoire de villes soumises, de combats sur terre et sur mer, de victoires, de triomphes. Mais à une vie tranquille, pure, honorable, succède aussi une douce et paisible vieillesse. Telle on nous apprend que fut celle de Platon, qui écrivit jusqu’à l’âge de quatre-vingt-un ans, où il mourut. Telle fut celle d’Isocrate, qui atteste lui-même qu’il composa, à