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(17). — XVII. C’est avec vraisemblance que l’auteur fait ainsi parler Scipion ; car il dit ailleurs (Tusculan., II, 26) que le second Africain avait sans cesse Xénophon entre les mains. Or, l’idée de ce passage est évidemment prise des Mémoires de Xénophon sur son maître, II, 4 : « J’entends dire à beaucoup de monde, c’est Socrate qui parle, qu’un ami fidèle et vertueux est le meilleur de tous les biens ; mais je vois la plupart des hommes s’occuper de tout autre chose que de se faire des amis. Je les vois acheter avec empressement et entretenir avec soin des maisons, des champs, des esclaves, des troupeaux et des meubles ; mais tout en disant qu’un ami est le premier des biens, ils ne cherchent les moyens, ni de s’en faire, ni de se conserver ceux qu’ils possèdent… J’en vois même qui savent très exactement le nombre de tous leurs biens, quoiqu’ils en aient beaucoup, mais qui ne connaissent pas celui de leurs amis, quoiqu’ils en aient très peu ; et lorsqu’ils essaient de les nommer à ceux qui leur en demandent le compte, ils déplacent à la fin ceux qu’ils s’étaient d’abord donnés : tant ils s’occupent de leurs amis ! » Traduction nouvelle. On retrouve déjà plus haut, à la fin du chap. 15, quelques unes de ces pensées. Si nous avions tous les ouvrages des philosophes grecs, ou si notre mémoire nous servait mieux, nous remarquerions certainement dans cet ouvrage bien d’autres traces d’imitation ; car Cicéron avoue lui même (ad Attic., XII, 52) qu’il composait d’après les Grecs tous ses traités philosophiques. J. V. L.

(18). — Ibid. Sustinere, ut currum, etc. Allusion à un vers cité dans les Lettres à Atticus, XIII, 21, et sur lequel on peut voir nos observations, tome XX, pag. 454, note 67. Currum est donc préférable à cursum, qu’on trouve dans quelques anciens textes. Hotman, Observat., V, 24, admet cependant cette leçon dans les nombreuses corrections qu’il propose pour cet endroit ; Ernesti paraît aussi l’approuver, Nec male ; mais ils ne songeaient ni l’un ni l’autre au vers dont Cicéron emprunte les expressions. J. V. L.

(19). — XVIII. Sénèque a beaucoup écrit sur l’Amitié ; il en parle souvent dans ses Lettres à Lucilius. (Voyez lettres 3, 6, 9, 48, etc.) Peut-être même en avait-il fait l’objet d’un traité spécial, comme on pourrait le croire d’après les fragments découverts à Rome dans un palimpseste, par M. Niebuhr, et où l’auteur cite une première partie de son ouvrage. Quoique ces fragments ne soient pas fort considérables, et que des lacunes viennent sans cesse les interrompre, comme ils ne sont pas sans intérêt, et que Sénèque y développe ce que Cicéron se contente ici d’indiquer, je saisirai l’occasion d’en citer quelque chose. Voici ce qu’il recommande aux amis