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DE LA VIEILLESSE.

de ces sortes de plaintes[1]. Les vieillards modérés, doux, indulgents, passent une vieillesse qui n’est pas sans bonheur ; tandis que l’homme d’un caractère difficile et chagrin est malheureux à tout âge.

Lélius. Ce que vous dites est bien vrai, Caton ; mais peut-être quelqu’un répondra-t-il que la vieillesse ne vous paraît supportable qu’à cause des richesses, du crédit, des honneurs dont vous jouissez, avantages réservés à bien peu d’hommes.

Caton. Oui, Lélius, c’est bien quelque chose ; mais ce n’est pas tout. Un homme de l’île de Sériphe, dans une dispute qu’il eut un jour avec Thémistocle, lui ayant dit que c’était la gloire de sa patrie et non la sienne qui l’avait illustré, Thémistocle lui répondit : Je ne serais peut-être pas fort illustre, si j’étais Sériphien ; mais si tu étais Athénien, tu n’en vaudrais pas mieux. Cette réponse revient assez à notre question. La vieillesse ne peut être légère, même pour le sage, dans une grande pauvreté ; mais elle est insupportable pour l’insensé, même au sein de l’opulence. Les meilleures armes de la vieillesse, Scipion et Lélius, sont les lettres et la vertu. Cultivées à tout âge, après une vie longue et bien remplie, elles produisent des fruits merveilleux, non seulement parce qu’elles ne nous abandonnent jamais, pas même vers les derniers temps de la vie (ce qui est déjà une grande consolation), mais aussi parce que rien ne contribue plus au bonheur que la consciente d’une vie pure et sans tache, et le souvenir de ses bonnes actions.

IV. Je m’attachai dans ma jeunesse à Q. Maximus,

  1. « Ce sont les mœurs qui font les malheurs, et non pas la vieillesse. » Madame de Lambert.