Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, tome 8, 1869.djvu/287

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mérite était la mesure, et donner pour prix à l'auteur quelques objets alors en vente, en lui disant : *N'écrivez plus !* Celui près de qui l'intention même d'un mauvais poète paraissait digne de quelque reconnaissance, aurait-il dédaigné le talent d'Archias, et sa verve, et sa fécondité ? Quoi ! Licinius n'aurait pu, soit par lui-même, soit par les Lucullus, obtenir de Metellus Pius, son ami particulier, une faveur que tant d'autres en obtenaient, surtout quand Metellus, jaloux plus que personne d'entendre vanter ses exploits, prêtait l'oreille même aux poètes de Cordoue, et, malgré l'enflure et l'étrangeté de leur style, les écoutait avec plaisir ? Car pourquoi dissimuler un sentiment généreux qui éclate en nous malgré nous ? osons plutôt nous en faire honneur. Il n'est point d'homme insensible aux attraits de la louange, et les cœurs les plus nobles sont ceux que la gloire domine davantage. Ces philosophes eux-mêmes, dont les livres enseignent à mépriser la gloire, mettent leurs noms à leurs écrits ; même en affichant le dédain des distinctions et de la célébrité, ils prétendent se distinguer et se rendre célèbres. Decimus Brutus, grand homme et grand capitaine, voulut que les vers d'Attius, son ami, décorassent le frontispice des temples et des monuments élevés par ses ordres. Et ce Fulvius, qui, dans la guerre des Étoliens, s'était fait accompagner d'Ennius, ne s'empressa-t-il pas de consacrer