Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, tome 8, 1869.djvu/286

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la louange a des charmes pour le peuple dont elle consacre les hauts faits, elle est surtout, pour les guerriers épris d'une gloire périlleuse, un puissant aiguillon au milieu des fatigues et des dangers. Que d'écrivains de ses exploits n'avait pas, dit-on, à sa suite ce magnanime Alexandre ! Arrivé cependant au promontoire de Sigée, près du tombeau d'Achille, il s'arrête, il s'écrie : « O trop heureux guerrier ! ta valeur a trouvé pour chantre un Homère ! » Certes Alexandre disait vrai ; car, sans cette immortelle Iliade, le tombeau qui couvrait la cendre d'Achille eût enseveli sa mémoire. Et notre grand Pompée, dont le bonheur égala le courage, n'a-t-il pas honoré l'historien de ses victoires, dans Théophane de Mitylène ? ne l'a-t-il pas décoré, en présence des légions, du titre de citoyen romain ? et nos braves soldats, malgré la rudesse des camps, sensibles à l'attrait de la gloire, comme s'ils avaient partagé celle de leur général, n'ont-ils pas répondu à cet hommage solennel par des applaudissements unanimes ? Croirai-je maintenant qu'Archias, s'il ne devait pas à nos lois le titre de citoyen, eût manqué de le devoir à quelqu'un de nos généraux ? Sylla, qui en gratifiait des Espagnols et des Gaulois, l'aurait-il refusé aux sollicitations d'Archias ? Sylla, que nous avons vu, dans une assemblée publique, accueillir la requête d'un poète insipide, récompenser de méchants distiques dont tout le