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le génie qui les exalte, célèbre en même temps la renommée du peuple romain. Notre Ennius fut cher au premier Scipion l'Africain ; on croit même que la statue de marbre placée sur le tombeau des Scipions est celle de ce poète. Or, l'éclat répandu par ses vers sur les hommes qu'il a chantés, ne rejaillit-il pas sur le nom du peuple romain ? Caton, le bisaïeul de celui que nous connaissons, s'y trouve élevé jusqu'aux cieux : l'éloge d'un tel personnage ajoute un nouveau lustre à la grandeur de Rome. Eh ! comment louer tous ces guerriers fameux, les Maximus, les Marcellus, les Fulvius, sans nous associer tous, en quelque sorte, à leurs louanges. Aussi leur panégyriste, un habitant de Rudia, fut-il honoré par nos ancêtres du titre de leur concitoyen. Et quand Archias est inscrit dans Héraclée, quand plusieurs villes se le disputent, quand nos lois l'ont adopté, nous aurions l'injustice de le rayer de nos registres !

[10] X. Dira-t-on que les muses grecques sont moins propres que les muses latines à célébrer les héros ? Ce serait une étrange erreur. La langue des Grecs est entendue de presque tous les peuples, celle des Latins est confinée dans l'Italie, et son domaine est fort étroit. Mais puisque nos conquêtes n'ont de bornes que celles de l'univers, nous devons désirer que tous les lieux où nos armes sont parvenues retentissent des chants qui publient notre gloire. Si