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l'étude, et qu'il résulte presque toujours de leur concours mutuel je ne sais quoi d'extraordinaire et de parfait. Tel on vit, du temps de nos pères, l'immortel Scipion ; tels furent les Lélius, les Furius, ces rares exemples de modération et de sagesse ; tel fut le vieux Caton, ce personnage si ferme et le plus savant de son siècle. Sans doute, s'ils n'avaient trouvé, pour la connaissance et la pratique de la vertu, aucun secours dans les lettres, jamais ils ne se fussent appliqués à leur culture. Quand on fermerait les yeux sur l'évidence de leur utilité, quand on ne chercherait dans la culture des lettres qu'un simple délassement, où trouver, je vous prie, une distraction plus noble et plus honnête ? Les autres plaisirs ne sont ni de tous les temps, ni de tous les âges, ni de tous les lieux ; mais les lettres servent d'aliment à l'adolescence et d'amusement à la vieillesse ; les lettres embellissent nos jours prospères, et nous offrent dans le malheur un refuge, une consolation : charme du cabinet, elles ne gênent point au dehors ; elles veillent avec nous, elles nous accompagnent dans nos voyages, elles nous suivent encore aux champs.

[8] VIII. Nous fût-il impossible de les cultiver et de les goûter par nous-mêmes, nous devrions encore les admirer, même en les voyant chez les autres. Qui de nous, quelque grossier, quelque insensible qu'on le suppose, n'a pas été touché dernièrement de la perte de Roscius ? Quoique la mort l'ait atteint dans un âge avancé, tel était