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votre salut, à tant de persécutions cruelles, et aux attaques journalières des hommes les plus dépravés ? Mais tous les livres, toutes les maximes des sages, toute l'antiquité, nous offrent une foule de nobles exemples qui seraient ensevelis dans les ténèbres, si le flambeau de la littérature ne leur prêtait sa lumière. Combien de portraits des grands hommes les écrivains grecs et latins ne nous ont-ils pas laissés dans leurs ouvrages, moins pour les proposer à notre curiosité qu'à notre émulation ! Quant à moi, dans l'administration de la république, je les avais sans cesse sous les yeux, et la seule idée de ces illustres personnages élevait mon esprit et fortifiait mon âme.

[7] VII. Quoi ! dira-t-on, ces grands hommes eux-mêmes, dont les lettres ont consacré les vertus, s'étaient-ils formés à l'école des sciences, dont vous faites un si pompeux éloge ? Il serait difficile de l'assurer de tous ; voici pourtant ce que je puis répondre, sans crainte de me tromper. On a vu quelquefois, j'en conviens, des hommes d'une trempe privilégiée, d'une force d'âme peu commune, qui, sans étude, mais doués d'un naturel presque divin, sont devenus par eux-mêmes des modèles de sagesse et de justice. J'ajoute même que la nature sans instruction a plus souvent conduit à la gloire et à la vertu que l'instruction sans la nature ; mais je soutiens en même temps que le naturel le plus heureux et le plus riche de son propre fonds se perfectionne et s'enrichit encore par