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en tirer aucun avantage ni pour l'utilité commune ni pour leur propre gloire. Mais en rougirai-je, Romains, moi qui, depuis tant d'années, me dévoue aux intérêts d'autrui avec un zèle que n'a point arrêté le soin de ma fortune ou de mon repos, que le plaisir n'a pu distraire, que n'a pu ralentir le besoin même du soleil ? Qui pourrait donc me blâmer, qui pourrait se plaindre avec justice, si le temps que les uns accordent à leurs affaires, à la célébration des fêtes et des jeux, aux distractions de toute espèce, même au repos légitime de l'esprit et du corps ; si ce temps que les autres donnent souvent aux longs festins, aux dés, à la paume, je le consacre, moi, à la culture des sciences ? Ce goût m'est d'autant plus pardonnable, que l'étude sert à fortifier le talent même de la parole, ce talent, médiocre en moi peut-être, mais qui ne m'a jamais manqué dans le péril de mes amis. En supposant qu'on attache peu de prix à ces avantages, en voici du moins d'une importance incontestable, et je sais dans quelle source je les puise. En effet, si les préceptes de la morale et l'étude des belles-lettres ne m'eussent appris dès ma jeunesse que les seuls biens à désirer dans la vie sont la gloire et la vertu ; que, pour les acquérir, il faut savoir braver tous les tourments, tous les dangers de l'exil, toutes les horreurs de la mort, me serais-je jamais exposé, pour