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vois Licinius, guidant mes premiers pas, m'introduire et me diriger dans la carrière des lettres. Or, si ma voix, formée par ses préceptes et soutenue par ses conseils, fut quelquefois utile aux opprimés, celui dont les leçons m'apprirent à défendre, à sauver les autres, ne doit-il pas lui-même trouver en moi, autant que le comportent mes moyens, et son refuge et son salut ? On s'étonnera peut-être de m'entendre parler ainsi d'un homme dont les compositions diffèrent de mes travaux, et dont la profession n'est pas celle d'orateur. Mais moi-même, je n'ai pas fait de l'éloquence l'unique objet de mes études : ne sait-on pas que toutes les sciences se tiennent par la main, et ne forment pour ainsi dire qu'une même famille ?

[2] II. Toutefois, dans une question d'état, dans une cause de droit public, portée devant un préteur romain si digne du choix du peuple, devant des juges graves et sévères, en présence d'une assemblée nombreuse et choisie, je craindrais de sembler étrange en usant d'un langage peu conforme au style judiciaire, aux coutumes du barreau. J'ose donc, en cette occurrence, vous demander une grâce que la condition de l'accusé réclame, et dont, j'aime à le croire, vous n'aurez point lieu de vous repentir vous-mêmes. Souffrez que, plaidant pour un poète célèbre, pour un savant illustre, au milieu de tant d'