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questeurs pour défendre avec tant de dévouement ses intérêts, et pour qui le préteur et tous les gens de sa suite ont témoigné tant de zèle, qu’on eût pu croire qu’ils regardaient comme leur province, non la Sicile, au dénûment de laquelle ils insultaient, mais Verres lui-même, qui en était sorti gorgé de butin. Ils menaçaient les Siciliens pour avoir décrété des députations chargées de parler contre Verres ; ils menaçaient les députés qui voulaient partir ; à d’autres, pour faire son éloge, ils promettaient les plus grandes faveurs ; les témoins les plus importants de ses délits particuliers, dont j’avais officiellement réclamé la présence, ils les retenaient de force en prison.

V. Malgré toutes ces manœuvres, n’oubliez pas que Messine est la seule ville qui ait envoyé une députation pour faire l’apologie de Verres. Et que vous a dit le chef de cette députation, C. Heius, le premier des Mamertins ? Vous l’avez entendu déclarer, sous serment, , qu’un très-grand vaisseau de transport avait été construit pour le préteur, à Messine, aux frais et par les ouvriers de la ville. Ce député des Mamertins, ce preneur d’office, vous a dit que Verres ne s’était pas contenté de lui ravir ses biens, mais qu’il avait enlevé de sa maison les objets les plus précieux de son culte, et les dieux pénates que lui avaient transmis ses ancêtres. Admirable panégyrique, que celui où des députés, chargés d’une seule mission, en remplissent deux et ne peuvent s’empêcher de mêler à l’éloge des réclamations sur ses rapines ! Je dirai, quand