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CONTRE L. CATILINA, LIV. II.

II. C. Servilium prætorem. Voir l’argument du discours pro Rabirio, et le discours lui-même.

III. Ante diem XII kalendas novemb. Le douzième jour avant les calendes de novembre, c’est-à-dire, le 21 octobre, la veille du jour où Silanus et Muréna furent élus consuls. Sur toutes les dates, voyez l’Introduction.

IV. Inter falcarios. Quelques-uns veulent que ces mots signifient entouré de satellites armés : ce qui n’est pas probable ; car falcarius n’est pas synonyme de siedrius. Suivant Priscien, ils désignent le lieu où habitaient les marchands ou fabricants de faux. Comme en français le nom d’une rue ou d’un quartier n’a rien d’oratoire, nous avons omis dans la traduction ce détail indifférent pour nous. Cicéron l’ajoutait pour faire voir à Catilina qu’il était bien instruit.

V. Proximis comitiis consularibus. Voyez Cicéron, plaidoyer pour Muréna, chap. 24, 25 et 26.

VI. Proximis idibus. Les ides étaient le quinzième jour des mois de mars, mai, juillet et octobre, et le treizième des autres mois. C’est le jour des ides que les débiteurs payaient à leurs créanciers l’intérêt des sommes empruntées.

Sed fortunam reipublicæ obstitisse. Salluste, chap. 18, raconte en peu de mots cette première conjuration. Suétone (Jules César, chap. 9) rapporte, sur la foi d’auteurs contemporains, que César et Crassus y prirent part, et qu’elle manqua le dernier jour de décembre 687, parce que César, ne voyant point paraître Crassus au moment convenu, ne donna pas le signal. Suivant Salluste, elle manqua une seconde fois le 5 février, parce que Catilina se pressa trop de le donner.

In corpore defigere. Allusion à cette coupe pleine de sang humain que burent, dit-on, les conjurés. Salluste, chap. 22, rapporte le fait sans l’affirmer. Plutarque et Florus le donnent comme positif. L’allusion qu’y fait Cicéron prouve au moins que, dans ce temps, le bruit de cette atrocité s’était répandu. Ainsi se trouve réfuté ce que Salluste insinue, que ce meurtre d’un homme, dont les conjurés burent le sang, pourrait bien être une fiction imaginée après coup par les amis de Cicéron, pour diminuer l’odieux de sa sévérité.

VIII. Vitandæ suspicionis causa. Catilina, publiquement accusé par Cicéron des plus odieux complots, cité même devant les tribunaux par L. Paullus, voulut pousser la dissimulation jusqu’au bout. Il feignit de s’offrir volontairement à la justice et de se constituer prisonnier. Les accusés de quelque distinction n’étaient point enfermés dans une prison publique. Ils étaient confiés à la garde de quelque magistrat, qui les retenait dans sa maison sous sa responsabilité. C’est ce qu’on appelle in custodiam dare (Voyez Salluste, chap. 47 ; Tacite, Ann. vi, 3 ; Suétone, Vitellius, chap. 2 ; Tite Live, xxxix, 14). — Virum optimum. Quintilien, ix, 2, cite cette expression comme exemple d’ironie. Catilina, sans doute, avait bien prévu qu’aucun honnête homme ne voudrait le recevoir. En se mettant sous la garde de son ami Marcellus, il ne s’ôtait pas la liberté, et il se donnait les avantages de l’hypocrisie.

M. Marcello dixissem. Ce Marcellus, est celui dont le rappel inspira, dix-sept ans après, à Cicéron le beau discours intitulé pro Marcello. Il ne faut pas le confondre avec le Marcellus dont il est question dans la précédente note.

Usque ad portas prosequantur. Ironie tirée de l’usage où l’on était d’accompagner par honneur, jusqu’à une certaine distance, un grand ou un magistrat qui allait en voyage.

IX. Ad Forum Aurelium. On appelait forum une ville, bourg ou village où se tenaient les marchés et où l’on rendait la justice. Chacun de ces lieux portait le nom de celui qui y avait établi le marché. Le forum d’Aurélius était sur la voie Aurélia, conduisant de Rome en Étrurie.

Aquilam illam argenteam. Salluste, chap. 59, dit que cette aigle, à côté de laquelle Catilina se fit tuer à la bataille de Pistoie, avait servi à Marius dans la guerre contre les Cimbres.

XI. An leges quæ de civium deorum supplicio rogatœ sunt. Les lois Porcia et Sempronia.


    1. section2

LIVRE SECOND.

I. Vel ipsum egredientem. Aux yeux des uns le consul avait chassé Catilina (ejecimus.) Aux yeux des autres il l’avait invité à partir en lui ouvrant les portes (emisimus.) L’orateur ne dispute point sur les mots : quelque nom qu’on donne au départ de Catilina, il se félicite que ce monstre ne soit plus dans Rome. Il ajoute même une troisième supposition, et l’on voit que pour lui ce n’en est pas une : « Catilina partait de son propre mouvement, et nous lui avons fait nos adieux. »

II. Tongilium mihi eduxit. Ici le pronom mihi a exactement le même sens que moi dans le vers de Boileau :

Prends-moi le bon parti ; laisse là tous les livres.

On sent qu’il ne serait ni oratoire, ni harmonieux de dire ; il m’a emmené un Tongilius. — Ou le mot calumnia, qui se trouve dans cette même phrase, fait allusion à quelque fait connu alors, ou le texte est altéré. Nous n’avons pas essayé de le rendre. — Prætexta signifie la robe de l’enfance, que l’on quittait ordinairement à dix-sept ans.

III. In agro Piceno. Salluste, chap. 30, dit que Métellus Celer fut envoyé dans le Picénum (aujourd’hui la Marche d’Ancône), avec pouvoir de lever une armée. La Gaule dont il est question ici est la Gaule cisalpine, comprise entre les Alpes et le Rubicon.

Vadimonia deserere. Sur la signification de ces mots, voyez le plaidoyer pour Quintius, chap. 5, et les notes. — Si edictum prætoris ostendero. Un traducteur pense que Cicéron fait allusion à cette armée d’esclaves rebelles que les Scythes mirent en fuite en se présentant au combat avec des fouets, instrument qui sert à châtier les esclaves. Sur ce fait, vrai ou faux, voyez Justin, ii, 5.

IV. Superioris noctis. Il est évident que par les mots superioris noctis il faut entendre ici, non cette nuit, ni la nuit d’hier, mais la nuit d’avant-hier, celle du 6 au 7 novembre, date dont la certitude est démontrée dans la première note du discours précédent. Là, superior indique la seconde nuit en remontant ; ici, il désigne la troisième.

VIII. Tabulas novas. On appelle ainsi l’abolition totale ou partielle des dettes, parce qu’elle nécessitait un renouvellement de tous les registres qui servaient à constater les droits des créanciers. Sous le consulat de Valérius Flaccus, qui fut substitué à Marius, l’an de Rome 667, une loi autorisa une banqueroute de cette espèce. Les débiteurs furent libérés en payant vingt-cinq pour cent. Argentum ære solutum est, dit Salluste, chap. 30 ; on paya un as, qui était de cuivre, pour un sesterce, qui était d’argent, et valait quatre as. — Tabulæ auctionariæ. Ce sont les affiches par lesquelles on annonce les biens à vendre à l’encan. On voit que Cicéron joue sur le mot tabulæ.

X. Imberbes. Des jeunes gens qui n’ont pas encore de barbe, ou des hommes efféminés qui se la font arracher. Sénèque fait souvent allusion à cet étrange raffinement de la mollesse, et on lit dans Aulu-Gelle, VII, 12, que Scipion Émilien le reprochait déjà de son temps à Sulpicius Gallus. — Bene barbatos. Pline, VII, 59, rapporte