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par la justice de nos ancêtres à la punition des grands crimes.

XIII. Et vous verrez, citoyens, s’accomplir toutes ces choses, sans que rien altère le calme dont vous jouissez. Les plus grands périls seront écartés sans tumulte ; la guerre intestine et domestique, la plus cruelle, la plus dangereuse dont les hommes aient gardé le souvenir, sera terminée par moi seul ; et votre général ne quittera pas cette toge, symbole de la paix. Je dis plus, Romains, si le succès peut couronner les plans que je médite, il n’y aura pas même un seul coupable qui subisse dans Rome le châtiment de son crime. Mais si les attentats trop manifestes de l’audace, si les dangers pressants de la patrie, me forcent de renoncer à ma douceur naturelle, je ferai du moins ce qu’on oserait à peine souhaiter dans une guerre où l’on marche entouré de périls et d’embûches : aucun homme de bien ne périra et le supplice de quelques coupables suffira pour sauver tous les bons citoyens. Ce n’est point sur ma prudence particulière, ni sur les conseils de l’humaine sagesse, que sont fondées les promesses que je vous fais, citoyens. J’en ai des garants plus certains : ce sont les dieux qui, par des signes non équivoques et mille fois répétés de leur immortelle protection, m’ont inspiré cette confiance. Longtemps ils nous ont défendus dans des guerres lointaines contre les ennemis du dehors. Le lieu du péril est changé : c’est en protégeant leurs temples et les toits qui vous couvrent, qu’ils vont aujourd’hui faire éclater leur puissance. Vous, Romains, adressez-leur vos vœux et vos hommages ; implorez-les pour cette ville dont ils ont fait la plus belle, la plus riche et la plus puissante des cités, afin qu’après l’avoir rendue triomphante de tous ses ennemis, et sur terre et sur mer, ils la sauvent des fureurs parricides de ses propres citoyens.