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Perduellionis judicio. Perduellis voulait dire menne public, ennemi déclaré, de l’ancien mot duellum (bellum). On regardait comme tel, suivant Plutarque (Vie de Numa), l’auteur du meurtre volontaire d’une personne libre. C’est à ce titre qu’Horace, meurtrier de sa sœur, est appelé, dans Tite-Live, coupable de perduellion. L’ancienne formule de ce jugement (carmen) avait un caractère de cruauté bien propre à inspirer la terreur aux sujets de Tullus Hostilius, lequel établit ou du moins appliqua le premier ce jugement : « Duumviri perduellionem judicent. Si a duumviris provocarit, provocatione certato. Si vincent, caput obnubilo ; infelici arbori reste suspendito. Verberato vel intra pomœrium vel extra pomœrium. »

Aut primus. En effet, les jugements de haute trahison avaient été abolis avant Cicéron, par M. Porcius Caton et par C. Gracchus.

Carnificem. Il faut distinguer le bourreau des licteurs. Il n’y avait, chez les Romains, qu’un bourreau, qui ne pouvait habiter dans la ville. Il infligeait le supplice de la croix et de la potence (crux, furca), ordinairement réservé aux esclaves, et qui entraînait la dégradation du citoyen à qui on l’infligeait. Les licteurs tranchaient la tête et battaient de verges les citoyens condamnés. Leur ministère ne paraît pas avoir été regardé comme infâme. L’infamie était pour le bourreau.

IV. Comitiis centuriatis. Une action entraînant pour un citoyen la perte de la vie ou de la liberté, ne pouvait être portée devant le peuple que dans les comices assemblés par centuries.

Virgas, flagella. Les verges étaient aux mains des licteurs ; le bourreau seul se servait du fouet pour punir les esclaves.

Duumviri. Magistrats institués par Tullus Hoslilius pour juger les crimes de perduellion.

Arbori infelici. Poteau, croix fatale. — Les Romains appliquaient à ce mot infelici, à la fois un sens matériel et un sens moral ; car il paraît que dans l’origine ils pendaient les criminels à des arbres, et choisissaient de préférence ceux qui ne produisaient aucun fruit. Or on voit dans Pline que les arbres sans fruits s’appelaient malheureux : Infelices aatem existimantur damnatæque religione, quæ neque seruntur unquam nec fructum ferunt. (Liv. XVI, ch. 26.)

Censoriæ leges. Lois portées par Caton le Censeur.

Annalium. Ce sont ces tables blanchies sur lesquelles le grand pontife consignait tous les événements remarquables de chaque année. Voir, à ce sujet, l’excellent travail de M. Victor Leclerc sur les Journaux chez les Romains.

Regum commentariis. Registres sur lesquels on inscrivait les actes des rois, et que l’on conservait dans les archives publiques.

Unco. Bâton armé d’un fer recourbé ; sorte de croc avec lequel on traînait les criminels aux gémonies.

VI. Q. Hortensio. Q. Hortensius avait plaidé la cause de Rabirius devant les duumvirs. Il ne reste de son discours que les seuls mots cicatricum mearum cités par Charisius, édit. Putsch, page 100. On voit qu’Hortensius faisait parler Rabirius, et qu’il s’est servi d’un mouvement oratoire qui se retrouve dans la péroraison de Cicéron.

La loi Comélia de sicariis n’admettait aucune différence entre tuer ou prendre les armes pour tuer quelqu’un : Qui hominis occidendi causa cum telo ambulaverit, lege de sicariis teneatur.

VII. Glauciam. C. Servilius Glaucia, préteur et partisan de Saturninus. Voir l’argument.

L. Saufeius. Appien l’appelle Saféius. Il était questeur et proposa, dit cet historien, « de mettre le feu au Capitole, plutôt que de se rendre à Marius ; mais Glaucia et Saturninus espérèrent que Marius ferait quelque chose pour eux. Ils se livrèrent donc les premiers, et Saféius suivit leur exemple. » (Guerres Civiles, liv. I, ch. 4.)

Etiam ille… Gracchus. C’était un nommé L. Équilius, affranchi, qui se disait fils de Tib. Gracchus, afin de se concilier la bienveillance du peuple, auquel la mémoire des Gracques était chère. Il fut tué avec Saturninus.

M. Æmilius Scaurus. Consul romain aussi célèbre par son éloquence que par ses exploits. Cicéron fait souvent l’éloge de son caractère, et même de son désintéressement. Il fut cependant accusé, ainsi que son collègue Calpuniius Bestia, de s’être laissé corrompre par Jugurtha, à leur retour de l’ambassade que le sénat avait envoyée à ce prince, qui faisait la guerre à son frère Adherbal, malgré les ordres de Rome. (113 ans av. J. C.) V. Sall. Guerre de Jugurtha. Pline, XXXVI, 6, en fait, comme Salluste, un ambitieux avare et hypocrite. Il paraît, au reste, par un trait que rapporte Val. Max. III, 7, que de son temps l’opinion publique lui était favorable. Peut-être Cicéron et Salluste exagèrent-ils, l’un l’éloge, et l’autre le blâme, pour une seule et même raison : Scaurus était un des principaux appuis de la noblesse.

Ager Picenus. Les habitants étaient venus à Rome pour l’assemblée des comices, à l’époque où Saturninus fut tué.

IX. C. Décianus était vraisemblablement le père du Décianus dont Cicéron parle souvent dans le plaidoyer pro Flaco ; — P. Furius, tribun du peuple, issu, dit Appien, non d’un homme libre, mais d’un affranchi, contribua, comme Saturninus, à l’exil de Métellus le Numidique (654). L’année suivante, le tribun C. Canuléius cita Furius en jugement à ce sujet devant l’assemblée du peuple, qui, sans attendre la défense de l’accusé, se jeta sur lui et le mit en pièces. — Sext. Titius. Voir le portrait qu’en fait Cicéron. Brutus. — Q. Catulum. Victime des fureurs de Marius, il laissa un fils, Q. Catulus, qui donna à Cicéron le nom de Père de la patrie, après la découverte de la conjuration de Catilina. — Duos Mucios. Q. Mucius Scévola, augure et consul (l’an 637), gendre de Lélius et beau-père de Marius. Q. Mucius Scévola, pontife, fils de Publius. — L. Crassum. Le célèbre orateur. — M. Antonium. L’un des plus illustres orateurs romains, grand-père du triumvir. Il fut consul l’an de Rome 655, et censeur deux ans après. Proscrit par Marius, il fut tué par Annius, chef des satellites qui avaient découvert sa retraite. Marius se fit apporter sa tête au milieu d’un festin, et la fit ensuite exposer au forum, sur la tribune aux harangues. — L. Flaccum. L. Valérius Flaccus, collègue de Marius dans le consulat, était flamine, et faisait partie du collège des pontifes : mais il n’était pas grand pontife, comme l’ont cru quelques éditeurs. Cette dignité appartenait alors à Q. Mucius Scévola.

Data est. Les consuls s’étaient solennellement engagés, envers Saturninus, à ne pas employer la force contre lui. Plut, in Mar., cap. 30 ; Flor. III, 16 ; et Auct. de Vir. ill, cap. 73.

XII….. aretM. Niebuhr, dans une conjecture ingénieuse, rétablit ainsi la phrase entière : Senatum hoc egisse ne cornifex corpus civis romani dilaniaret.

In ea causa. S’agit-il, selon M. Niebuhr, de l’abolition de l’ancien supplice (ch. 3) demandée au sénat et obtenue par Cicéron consul, ou de la loi agraire que Cicéron combattit dans le sénat avant de la faire rejeter par le peuple ?