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vous exhorter à repousser par vos suffrages les attaques dirigées contre la majesté du peuple romain. Citoyens, entendez mes prières, mes instances, mes exhortations. Il n’est pas ordinaire que le consul, lorsque………..

……….. XIII………… Celui qui, en combattant pour la république, a reçu des blessures honorables, et qui peut montrer ces nobles marques de son courage, tremble du coup qu’on veut porter à sa réputation. Celui que le choc des ennemis n’a jamais fait reculer, se voyant poursuivi par des citoyens auxquels il faut nécessairement qu’il cède, frémit d’effroi. Il ne vous demande pas qu’on lui permette de vivre avec dignité, il veut seulement pouvoir mourir sans honte. Ce qu’il désire, c’est moins de jouir du séjour de sa maison que de n’être pas privé de la sépulture paternelle. Il vous prie et vous conjure uniquement de ne pas lui envier les funérailles communes et la vue de ses foyers à son dernier soupir ; de souffrir qu’après avoir été toujours prêt à servir sa patrie au péril de ses jours, il meure dans sa patrie.

Je cesse de parler, au terme que m’a prescrit le tribun du peuple. Vous, Romains, je vous en conjure, voyez dans cette défense le devoir d’un ami envers un ami malheureux, le zèle d’un consul pour le salut de la république.


NOTES
SUR LE DISCOURS POUR G. RABIRIUS.

I. Ce discours fut prononcé au Champ de Mars, devant le peuple, dans les comices par centuries, ou dans l’assemblée qui précéda les comices.

Summum auxilum majestatis. Cicéron désigne par ces mots la fameuse ordonnance, Videant consulet ne quid respublica detrimenti capiat. C’est pour obéir à un décret de cette espèce que Rabirius avait pris les armes contre Saturninus, sous les ordres de Marius, consul, revêtu d’un pouvoir dictatorial.

II. T. Labienus, neveu du complice de Saturninus, et célèbre par son attachement au parti républicain, fut tribun du peuple l’année du consulat de Cicéron. Il se rendit fameux par l’accusation contre Rabirius à laquelle Cicéron répond dans ce discours, par la loi Attia, relative an sacerdoce, et enfin par les honneurs extraordinaires qu’il fit rendre à Pompée, vainqueur de Mithridate. Il servit en Gaule dans l’armée de César, dont il abandonna le parti, dès qu’il le crut contraire à la république. Il fut tué en Espagne, à la bataille de Munda.

Obstitisti, semi-horæ curriculum. La loi des Douze Tables voulait que la plaidoirie commençât à neuf heures et fût terminée à midi. La sentence devait être prononcée avant le coucher du soleil. La loi Pompéia ordonna que les orateurs régleraient la durée de leurs discours sur une clepsydre ou horloge d’eau, laquelle était trois heures à s’écouler. Dans les causes civiles, le juge était maître d’accorder plus ou moins de temps, selon l’importance de l’affaire.

A. C. Macro. Il paraît que Macer avait auparavant accusé Rabirius d’avoir violé les bois sacrés. Il y eut deux Macer. Cicéron, dans son Brutus, parle de l’un d’eux en termes honorables ; l’autre, d’abord préteur, puis gouverneur de l’Asie, fut, à son retour, accusé de péculat par Cicéron lui-même, alors préteur de Rome, et se donna la mort pour échapper à la condamnation.

III. Tabulario incenso. À l’époque où l’on faisait peser cette accusation sur Rabirius, on ne savait pas quel était l’auteur de l’incendie des archives : plus tard, Q. Sosius, chevalier romain, s’en reconnut coupable.

De sororis filio. Le mari de la sœur de C. Rabirius avait été appelé en jugement. Son fils mourut pendant l’instruction du procès. Chez les Romains, le respect pour le deuil de la famille et la religion des morts faisait interrompre toute affaire pour laisser aux parents la liberté de rendre les derniers devoirs à ceux qu’ils avaient perdus. Labiénus prétendait que cet accident était l’effet d’un crime de Rabirius, qui voulait fournir à son beau-frère un prétexte de retarder le jugement.

Legem Fabiam. Qui servos alienos sollicitat, vendit, retinet, Plagiarius dicitur : crimen ipsum Plagium. Martial est le premier qui ait appliqué le mot plagiarius, plagiaire, à un voleur d’écrits.

Multæ irrogatione. L’acte d’accusation concluait vraisemblablement à une peine pécuniaire contre C. Rabirius, pour avoir retenu chez lui des esclaves qui ne lui appartenaient pas, et qu’il voulait faire servir à des plaisirs infâmes. L’acte d’accusation concluait aussi à une amende pour la violation des bois sacrés, le péculat, etc. etc.