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Ergastulum signifie proprement l’atelier où les propriétaires faisaient travailler les esclaves à la campagne, et, par extension, tout lieu de travail et de correction où l’on mettait les esclaves dont on était mécontent. Suétone ( August., chap. 32 ) nous apprend que des propriétaires faisaient enlever les voyageurs sur les chemins et dans les campagnes, sans distinction d’hommes libres et d’esclaves, et les enfermaient pour toujours dans ces ateliers appelés ergastula. Auguste réprima cet affreux brigandage, en établissant sur les routes des postes de soldats, chargés à peu près de la même surveillance que notre gendarmerie.

H-S ccciכככ. Un million de sesterces. Nous suivrons toujours, pour l’évaluation des monnaies anciennes, le calcul fait dans ces dernières années, avec la plus savante exactitude, par M. Letronne, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. D’après ce calcul, le sesterce vaut un cinquième de franc, ou 20 centimes, à une légère fraction près, que nous négligerons. Un million de sesterces égalent donc environ 200 mille francs.

VIII. Q. Metelli. Q. Métellus Pius avait suivi le parti de Sylla, et commandait une armée en Afrique.

IX. Comme Sassia et Oppianicus jouent un grand rôle dans ce discours, il est bon de rappeler leurs différents mariages.

Sassia avait épousé,

1o Cluentius Avitus, père de celui que défend Cicéron ;

2o Aulus Aurius Mélinus, son gendre ;

3o Statius Albius Oppianicus, le père.

De plus, elle avait marié sa fille à Oppianicus le fils, dont elle se trouvait ainsi doublement la belle-mère, noverca et socrus.

Oppianicus eut six femmes :

1o Novia, morte à l’époque dont on parle ici ;

2o Papia, encore vivante, et qu’il avait sans doute répudiée ;

3o Cluentia, tante paternelle de Cluentius, client de Cicéron ;

4o Sassia, mère du même Cluentius ;

5o Magia, sœur des Aurius. Celle-là dut être une de ses premières femmes ; c’est d’elle qu’il eut son fils C. Oppianicus ;

6o La veuve de son beau-frère Cn. Magius.

Teani Apuli. Il y avait deux villes de Téanum : l’une en Apulie ; c’est, dit d’Anville, un lieu ruiné, que distingue aujourd’hui le nom de Civitate ; l’autre en Campanie, appelée Téanum Sidicinum, aujourd’hui Tiano. Non loin de cette dernière était le fameux vignoble de Falerne.

Hora undecima. Les Romains comptaient douze heures depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, et autant du coucher de cet astre à son lever. La onzième heure est donc une heure avant la nuit.

XI. Quum essem in Asia. Cicéron, après avoir gagné à vingt-sept ans la cause de Roscius d’Amérie, accusé de parricide, alla passer quelque temps en Grèce et en Asie ; soit, comme il le dit dans son Brutus, pour fortifier sa santé et se perfectionner dans l’éloquence ; soit, comme le dit Plutarque, parce qu’il redoutait la vengeance de Sylla, dont il avait violemment attaqué dans son plaidoyer l’affranchi Chrysogonus.

XII. Decem illis mensibus. Dix mois entiers. C’était le temps pendant lequel on supposait que pouvait naître un enfant posthume. Les anciens croyaient (comme Aulu Gelle. liv. III, chap, 16, le prouve par beaucoup d’exemples) que la grossesse pouvait se prolonger jusqu’à la fin du dixième mois. Cette opinion était celle d’Aristote et d’Hippocrate, et les lois des Douze Tables la consacraient par un article formel.

XIII. In foro Larinatium. Sylvius, l’abbé Auger et Clément supposent qu’Oppianicus était retourné à Larinum. Mais d’après le récit de l’orateur, tout semble se passer en deux jours, et cependant de Rome à Larinum il y avait une assez grande distance. Cicéron, par ces mots, in foro Larinatium, n’entendrait-il pas le lieu où se rassemblaient habituellement à Rome les habitants de Larinum ? Car les villes municipales avaient dans le forum même, leurs lieux de rendez-vous, appelés stationes municipiorum, comme on peut le voir dans Pline, liv. XVI, chap. 44, et dans P. Victor, de Urbis Romae regionibus. Au surplus, je ne donne ceci que comme une conjecture, d’après laquelle tout le passage de Cicéron s’explique avec la plus grande facilité.

Triumviri capitales. On appelait ainsi des magistrats inférieurs, chargés de surveiller les prisons et de faire exécuter les jugements criminels. C’est à eux que furent livrés les complices de Catilina pour être mis à mort. En outre, ces magistrats faisaient comparaître devant eux les étrangèrs, les esclaves fugitifs et les gens de la basse classe qui avaient commis quelque désordre dans la ville. C’était, comme on voit, une espèce d’officiers de police judiciaire. Leur tribunal était dans le forum, auprès de la colonne Ménia. Cette charge, établie l’an de Rome 464, était à la nomination du peuple. (Extrait de Beaufort, République romaine, tome 3.)

Ad eam columnam. La colonne Ménia s’appelait ainsi d’un certain Ménius qui, vendant un terrain aux censeurs Caton et Flaccus pour y bâtir une basilique, se réserva la place d’une colonne destinée à supporter une tribune, d’où lui et ses descendants pussent voir les combats de gladiateurs, qui se donnaient alors dans le forum.

XIV. H-S quadringintis. Et fait marché pour quatre cent sesterces ; c’est-à-dire, 80 francs. Les diverses éditions ne sont pas d’accord sur la somme. Paul Manuce dit quarante sesterces ; c’est-à-dire, 8 francs. Comme Oppianicus porta le payement sur ses registres, il dut n’y porter que le prix raisonnable d’un médicament ordinaire.

Signis adulterinis obsignavit. L’usage de signer les testaments, subscribere, ne fut introduit que sous les empereurs. Auparavant les témoins ne faisaient qu’y apposer leur cachet, obsignabant. Heinecc., liv. II, tit. X, § 7 et 14.

Decuriones. On appelait décurions, dans les villes municipales, non pas une autorité composée de dix membres, mais un corps qui était dans ces villes ce que le sénat était à Rome.

XV. Martiales…. Venerei. On appelait ainsi des esclaves attachés au culte de Mars à Larinum, et à celui de Vénus en Sicile. Ils remplissaient dans le temple toutes les fonctions que les autres esclaves remplissaient dans les maisons particulières. On voit dans les Verrines que ceux de Vénus servaient en outre d’appariteurs et d’huissiers aux magistrats.

Bona ejus omnia ad matrem esse ventura. Il ne faut pas conclure de ce passage que dès le temps de Cicéron les mères héritassent de plein droit de leurs fils morts sans testament, et sans ce que les jurisconsultes appellent héritiers siens. Ce droit ne leur fut conféré, et encore à certaines conditions, que par le sénatus-consulte Tertullien, rendu sous Adrien ou sous Antonin le Pieux. (Heinecc, liv. III, tit. III, § 5, 6, 7.) Pourquoi donc la succession de Cluentius devait-elle arriver à Sassia ? C’est qu’à défaut d’héritiers siens, les biens étaient dévolus aux agnats, avec la condition pour les femmes, qu’elles ne fussent pas ultra consanguineorum gradum. Or le frère et la sœur étaient consanguins l’un à l’égard de l’autre, et la mère