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prononcées contre la désobéissance aux lois, les registres ne m’auraient pas été livrés. Notre fou, qui avait crié avec tant de violence, voyant qu’il n’avait rien gagné, me remit, sans doute pour se réconcilier avec moi, un état circonstancié de tous les vols de Verrès à Syracuse, dont les sénateurs m’avaient déjà donné une entière connaissance

LXVII. Que maintenant les Mamertins vous louent, puisque seuls, dans une si grande province, ils s’intéressent à votre sort ; mais que Héius, chef de leur députation, soit ici : qu’ils vous louent, mais qu’ils se tiennent prêts à répondre aux questions que je leur adresserai : je ne veux pas les surprendre ; je les préviens que je leur demanderai : — S’ils doivent un vaisseau de guerre au peuple romain : ils en conviendront. — S’ils l’ont fourni durant la préture de Verrès : la réponse sera négative. — S’ils ont construit un grand vaisseau de transport qu’ils ont donné à Verrès : ils ne pourront le nier. — Si Verrès a tiré de chez eux le blé qu’il devait envoyer à Rome, à l’exemple de ses prédécesseurs : ils diront que non. Je leur demanderai combien ils ont fourni de soldats et de matelots : ils répondront qu’ils n’en ont pas fourni un seul. Ils ne pourront disconvenir que Messine n’ait été le dépôt de ses vols et de ses brigandages. Ils avoueront que beaucoup d’effets précieux sont sortis de leurs ports ; qu’enfin ce grand vaisseau donné par les Mamertins, est parti avec le préteur, chargé de richesses.

Ainsi je vous laisse cet éloge des Mamertins. Quant aux Syracusains, nous voyons que leurs sentiments répondent aux traitements qu’ils ont reçus de vous. Ils ont même aboli ces fêtes impies instituées sous votre nom. Convenait-il en effet que les honneurs des dieux fussent rendus au ravisseur de tous les dieux ? Certes les Syracusains mériteraient les plus sévères reproches si, après avoir effacé de leurs fastes une fête et des jeux solennels, parce que ce jour là Syracuse avait été prise par Marcellus, ils célébraient une fête en l’honneur de Verrès, qui a dépouillé Syracuse de tout ce que ce jour fatal ne lui a pas ravi. Et remarquez, citoyens, l’impudence et l’insolente présomption du personnage : non content d’avoir fondé avec l’argent d’Héraclius ces Verréennes honteuses et ridicules, il commande que les fêtes de Marcellus soient abolies. Il voulait que ces peuples honorassent, par un culte sacré, un homme qui leur avait ravi leurs fêtes antiques et leurs dieux paternels, et qu’ils supprimassent les solennités consacrées à la gloire d’une famille à laquelle ils devaient le rétablissement de toutes les autres fêtes.