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enlacé, et comme il lui est impossible de se tirer d’aucun. Lui-même, en Sicile ; avait dit souvent du haut de son tribunal, et déclaré dans la conversation, qu’il est permis de recevoir une dénonciation contre un absent ; qu’il avait décidé d’après des exemples : il l’a répété plus d’une fois comme vous l’ont dit, dans la première action, et Sex. Pompéius Chlorus, dont j’ai déjà signalé le mérite ; et Cnéus Pompéius Théodorus, homme fort distingué, honoré, dans un grand nombre d’affaires importantes, du glorieux témoignage du grand Pompée, et jouissant de l’estime universelle ; et Posidès Matro, de Solence, que mettent si haut sa naissance, sa réputation et sa vertu. Dans cette seconde action, le fait vous sera confirmé par autant de témoins que vous voudrez ; et ceux qui l’ont entendu de la bouche de Verrès, les premiers personnages de notre ordre ; et ceux qui étaient présents quand on recevait la dénonciation contre Sthénius absent. Ensuite, à Rome, quand l’affaire était agitée dans le sénat, tous ses amis, son père lui-même, soutenaient que la chose était licite ; qu’elle avait souvent eu lieu ; qu’il avait agi d’après plus d’un exemple et d’un précédent. En outre, la Sicile tout entière en rend témoignage, elle qui, dans les requêtes présentées par toutes les villes aux consuls, prie et supplie les sénateurs de statuer qu’on ne pourra recevoir de dénonciation contre les absents. À ce sujet, vous avez entendu dire à Cnéus Lentulus, ce jeune et illustre protecteur de la Sicile, que les Siciliens, en l’instruisant de ce qu’il devait dire pour eux dans le sénat, s’étaient plaints du malheur de Sthénius, déclarant que l’injustice faite à cet homme les avait décidés à former la requête dont je viens de parler. Après cela, Verres, pourrez vous être assez insensé, assez audacieux, pour oser, à l’occasion d’un fait si clair, si attesté, si divulgué par vous-même, falsifier les registres publics ? Mais comment les avez-vous falsifiés ? n’est-ce pas de telle sorte que, dussions-nous nous taire, vos registres seuls vous condamneraient ? Greffier, faites circuler ce registre, et montrez-le aux juges. Voyez-vous que tout cet article, où il suppose que Sthénius a été dénoncé étant présent, est tracé en surcharge ? Qu’y avait-il là d’écrit auparavant ? Quelle faute cette rature a-t-elle corrigée ? Pourquoi, juges, attendre d’autres preuves ? sans que nous parlions, ces registres, placés sous vos yeux, crient qu’ils ont été raturés et falsifiés. Espérez-vous, Verrès, pouvoir échapper, lorsque nous vous poursuivons, non sur des conjectures douteuses, mais d’après vos propres vestiges, d’après ces traces récentes que vous avez laissées sur les registres publics ? Et voilà l’homme qui, sans l’entendre, a condamné Sthénius pour falsification de registres publics, lui qui n’a pu se défendre d’avoir falsifié des registres publics dans l’affaire de ce même Sthénius !

XLIII. Mais voyez un autre acte de démence ; voyez comme il s’embarrasse de plus en plus en voulant s’échapper ! Il inscrit en qualité de représentant de Sthénius… Qui ? Un de ses parents ou de ses proches ? non. Quelque Thermitain, quelque homme honorable et de famille ? nullement. Un Sicilien qui ait un rang, qui jouisse de quelque considération ? pas davantage. Qui donc ? Un citoyen romain. À qui le fera-t-on croire ? Quoi ! Sthénius, le plus noble de sa ville, qui a