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à une amende de trois millions de sesterces. Dans toutes ces affaires, c’était Dolabella qui paraissait ordonner, mais c’était Verrès qui faisait tout. Je m’arrêterai à un article : car il y en a bien d’autres du même genre. Lisez : Sommes réalisées sur les amendes auxquelles a été condamné le préteur Dolabella. Commune des Myliades… Oui, Verrès, je soutiens que tout cela a été exigé par vous, évalué par vous, payé entre vos mains ; que vous avez ravi des sommes immenses, extorquées partout avec la même violence et la même tyrannie, lorsque vous parcouriez votre province comme un ouragan, comme un fléau dévastateur. Aussi M. Scaurus, qui accusa Dolabella, eut-il soin de s’assurer de Verrès. Ce jeune homme qui, dans le cours de ses informations, avait découvert la plupart de ses rapines et de ses infamies, se conduisit avec autant d’adresse que d’habileté : il lui montra un énorme rouleau contenant les preuves de ses vols, et tira de lui tout ce qu’il voulut contre Dolabella ; il le fit paraître comme témoin, et Verrès déposa dans le sens qu’il croyait le plus conforme aux désirs de l’accusateur. Si j’avais voulu faire usage de cette espèce de témoins, complices des vols de l’accusé, j’en aurais trouvé un grand nombre qui, pour se soustraire au danger des poursuites ou de la complicité, me promettaient de dire tout ce qui me plairait. Mais j’ai repoussé tous ces auxiliaires si pleins de bonne volonté ; je n’ai reçu dans mon camp ni traître ni déserteur. Peut-être ceux qui emploient de pareils moyens passeront-ils pour des accusateurs plus habiles que moi ; mais ce que je veux avant tout, c’est qu’on loue le défenseur en ma personne, et non l’accusateur. Avant que Dolabella ait été accusé, Verrès n’ose présenter ses comptes au trésor publie ; il obtient du sénat un délai, sous prétexte que ses registres ont été mis sous le scellé par les accusateurs de Dolabella : comme s’il ne lui était pas permis d’en prendre copie. Il est le seul qui ne rende jamais de compte au trésor.

XXXIX. Vous avez entendu que le compte de la questure a été rendu en trois lignes ; celui de là lieutenance, seulement après la condamnation et l’exil de l’homme qui pouvait le contredire : enfin, celui de la préture qui, d’après un sénatus-consulte, devait être rendu sur-le-champ, ne l’a pas encore été jusqu’ici. Il a dit dans le sénat qu’il attendait un de ses questeurs, comme si, lorsqu’un questeur peut rendre ses comptes sans son préteur, un préteur ne pouvait (ainsi que vous l’avez fait, Hortensius, et tous les autres) rendre les siens sans son questeur. Il a cité l’exemple de Dolabella. Les sénateurs ont trouvé le présage meilleur que la cause ; ils ont accordé. Mais les questeurs sont arrivés depuis longtemps ; pourquoi n’avez-vous pas tenu votre promesse ? Dans ces comptes, qu’il faut examiner à travers la fange de votre lieutenance et de votre questure, se trouvent ces articles qui ont été imputés nécessairement à Dolabella : Sommes réalisées sur l’amende à laquelle Dolabella, préteur du peuple romain, a été condamné. Dolabella déclare dans ses comptes qu’il a reçu de Verrès cinq cent trente-cinq mille sesterces de moins que Verrès, et que Verrès au contraire a reçu de lui deux cent trente-deux mille sesterces de plus que ne le portent les livres ; qu’enfin Verrès a perçu en blés un million huit cent