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tout ce qu’il y a de Citoyens, qui ont de bonnes intentions.

XI. Pour avoir donc[1] volontairement cédé ma province ; pour avoir renoncé à la gloire de commander une de vos armées, et à l’espérance de mériter les honneurs du triomphe ; pour avoir, en un mot, sacrifié[2] tous mes intérêts aux vôtres ; le seul dédommagement que je vous demande, c’est que vous conserviez la mémoire de mon Consulat, et de mes services. Tant qu’elle subsistera dans vos cœurs, elle me tiendra lieu d’un bouclier impénétrable. Mais si l’iniquité prévaut, et si mes espérances sont trompées, je vous recommande mon fils, ce jeune enfant. Je croirai, non-seulement sa vie, mais sa fortune en sûreté, tant que vous n’oublierez point que son père a sauvé la Patrie lui seul, et s’est lui seul exposé à toutes sortes de risques pour la sauver.

24. Opinez donc, Pères Conscrits, comme vous avez déjà commencé, avec zèle, avec fermeté, dans une conjoncture d’où dépend la conservation de vos personnes, celle du peuple Romain, de vos enfans, de vos temples, de vos au-

  1. Voyez ci-après, Remarque suivante.
  2. Puisqu’on ne parle que pour être entendu, c’est inutilement que je chercherois à rendre pro clientelis, hospitiisque provincialibus. Il s’ajgit des droits attribués à un Proconsul, tant sur ses Cliens que sur ses Hôtes, dans la province qu’il gouverne. Or, nous n’ayons ni dans notre langue, ni dans nos coutumes, rien d’équivalent. Toute obscurité est insupportable dans quelque ouvrages que ce puisse être : mais sur-tout dans un Orateur.