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des Gaulois, que des gens d’une nation peu soumise, et la seule qui ne manque pas de force, ni peut-être de volonté, pour faire la guerre au peuple Romain, aient préféré votre salut à leurs intérêts propres, et fermé l’oreille aux flatteuses espérances, que leur donnoient des Patriciens, surtout dans une conjoncture où ils n’avoient pas besoin de combattre pour nous vaincre ; ils n’avoient qu’à se taire ?

X. Ainsi, Romains, puisque l’on a ordonné des actions de grâces dans tous les temples, acquittez-vous de ce pieux devoir avec vos femmes et vos enfans. Les Dieux immortels qui, tant de fois ont reçu des marques de votre reconnoissance, n’en reçurent jamais de mieux méritées. Vous avez été préservés de la mort la plus cruelle et la plus déplorable : mais préservés sans coup férir, sans armée, sans une goutte de sang répandue, sans endosser[1] la cuirasse, et sans avoir d’autre Général que moi, qui n’ai pas quitté ma robe.

24. Souvenez-vous de vos anciennes guerres civiles, et de celles qui ont été avant vous, et de celles que vous-mêmes vous avez vues. Sylla fit périr Sulpicius ; il chassa de cette ville Marius, qui en avoit été le défenseur ; et par ses ordres quantité d’hommes vertueux furent les uns massacrés, les autres bannis. Octavius, les armes à la main, força le Consul[2] son collègue à sortir de Rome : et alors cette même place où je parle, fut arrosée de son sang, et jonchée de morts. Cinna reprit le dessus avec Marius, et il

  1. C’est l’équivalent de Togati.
  2. Le collégue de Cn. Octavius étoit L. Cornélius Cinua, en 667. Voyez Appien, de Bello Civ.. liv. 1.