Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/133

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bles Citoyens, on trouvoit alors le crime trop affreux pour y ajouter foi : et vous le voyez, non-seulement médité, mais presque accompli. Hé comment ne pas reconnoître ici la sensible protection de Jupiter, si l’on fait réflexion, que ce matin, à l’heure même qu’on posoit cette statue, les Conjurés, avec leurs dénonciateurs, passoient sur la place, pour aller par mes ordres au temple de la Concorde ; et que la statue ayant-été posée, et tournée vers le Sénat et de votre côté, à l’instant nous avons eu des preuves incontestables de tout ce qu’ils tramoient ?

22. Aussi, cette circonstance doit-elle rendre plus odieux, et dignes d’un plus grand supplice, des scélérats qui s’étaient promis de réduire en cendres, et vos maisons, et les temples mêmes, et les autels. Pourroie-je, sans une présomption insupportable, m’attribuer à moi-même la gloire de les en avoir détournés ? C’est Jupiter, c’est lui, n’en doutez pas, qui leur a opposé sa puissance, qui a voulu sauver le Capitole, sauver ces temples, sauver Rome, vous sauver tous. C’est la sagesse des Dieux immortels qui m’a dirigé, et qui m’a fait tomber entre les mains de quoi convaincre si évidemment les coupables. Que dire de cette négociation avec les Allobroges ? Jamais Lentulus et ses complices, si les Dieux ne les avoient pas aveuglés, auroient-ils follement confié leurs lettres, et le secret d’une affaire si importante, à des inconnus, à des étrangers ? Mais d’ailleurs, ne regardez-vous pas comme un coup du Ciel, que