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La terre, l’eau, l’air, tout était devenu sa propriété. Il ne restait plus au moujik ni un copeau pour éclairer sa chaumière, ni la moindre petite branche d’arbre pour la balayer.

Alors il arriva ceci : les moujiks, réduits au désespoir, se prosternèrent et adressèrent une prière à Dieu :

« Seigneur ! dirent-ils, plutôt que de nous laisser endurer toute notre vie d’aussi grandes souffrances, fais que nous disparaissions avec nos enfants et nos petits-enfants. »

Dieu, dans sa miséricorde, fut touché par leur désespoir et leurs larmes. Il exauça leur prière, et il n’y eut plus de moujiks dans toute l’étendue des domaines du stupide pomèchtchik.

Qu’étaient-ils devenus ? Personne ne le savait. On avait seulement vu s’élever tout à coup en l’air une sorte de tour-