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mener une vie de Juif errant. Alors, s’adressant à son dernier possesseur, certain petit bourgeois dont les affaires ne prospéraient point :

« Pourquoi me martyrises-tu ? lui dit-elle d’un ton plaintif. Pourquoi me foules-tu aux pieds ?

— Hé, que veux-tu qu’on fasse de toi, conscience, ma mie ? dit à son tour le petit bourgeois. Tu n’es propre à rien.

— Voici ce que je te propose, répliqua la conscience. Cherche-moi un petit enfant russe, un petit Russe nouveau-né, et loge-moi dans son cœur pur. Peut-être cet innocent m’accueillera-t-il et serai-je choyée par lui ; peut-être, en grandissant, s’attachera-t-il à moi et m’emmènera-t-il avec lui dans le monde ; peut-être ne me haïra-t-il pas.

Le petit bourgeois consentit à ce qu’elle demandait. Il chercha et trouva un